Qu’est-ce qu’un débat réussi ?
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Et si la crise des « gilets jaunes » trouvait une issue dans l’organisation d’un référendum ? L’idée n’en est qu’au stade de l’hypothèse, mais est suffisamment prise au sérieux pour provoquer un tourbillon de réactions dans la majorité et dans l’opposition.

La possibilité d’organiser une consultation a été évoquée dans Le Journal du dimanche, le 3 février. Selon l’hebdomadaire, Emmanuel Macron serait de plus en plus enclin à soumettre une ou plusieurs questions au vote des électeurs le 26 mai prochain, jour des élections européennes. Les Français pourraient alors être interrogés sur des sujets institutionnels (réduction du nombre de parlementaires, reconnaissance du vote blanc, limitation du cumul de mandats dans le temps…).

Mais, à peine dégainée, l’idée a rapidement été temporisée par plusieurs membres du gouvernement. Lundi matin, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a ainsi estimé qu’il n’était « pas souhaitable » qu’un référendum ait lieu le même jour que les élections européennes. « L’enjeu européen est suffisamment fort pour en faire un enjeu européen, a-t-il argumenté, sur France Inter. Le référendum c’est autre chose, c’est un enjeu national. Je ne pense pas qu’il faille mélanger les deux. » La veille, la ministre des affaires européennes, Nathalie Loiseau, s’était déjà montrée très réservée sur le sujet : « Je souhaite qu’on parle d’Europe le 26 mai, parce qu’il y a des enjeux majeurs et […] il faut en parler », a-t-elle déclaré sur Europe 1.

« Manœuvre » pour Le Pen, « entourloupe » pour Aubry

L’opposition s’est aussi largement engouffrée dans la brèche, critiquant à l’unisson cette éventuelle concomitance de calendrier. Pourtant favorable au référendum, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a dénoncé dimanche une « manœuvre » d’Emmanuel Macron. « Avant même d’avoir lancé le grand débat, il avait déjà décidé de proposer un référendum le jour des européennes pour détourner évidemment le sujet d’intérêt des européennes, où il sait que les positions qu’il défend sont tout à fait minoritaires dans le pays », a-t-elle affirmé sur BFM-TV.

« C’est une tentative d’entourloupe de la part du gouvernement », a commenté lundi sur la même chaîne Manon Aubry, la candidate de La France insoumise aux européennes. M. Macron et le gouvernement tentent « d’étouffer le mouvement [des « gilets jaunes »], de légitimer [leur] politique en ne changeant pas de cap, en essayant de faire un petit lifting démocrate sans répondre aux aspirations populaires » et enfin de « noyer le débat sur les européennes ».

A droite, la tête de liste du parti Les Républicains, François-Xavier Bellamy, a également critiqué le calendrier, estimant sur Radio classique qu’un référendum organisé le 26 mai « occulterait totalement le débat des européennes ». « Or nous avons besoin d’un vrai débat sur les européennes, un vrai débat sur l’avenir de l’Europe, et ce serait absurde de remplacer ce débat par une discussion sur des questions d’intérêt national. »

Par ailleurs, le candidat estime « qu’on ne sortira pas de la crise actuelle par un référendum ». Il réclame à la place « un nouvel élan politique », qui ne « peut sortir que d’une proposition politique globale ».

Emmanuel Macron aura l’occasion d’aborder ce sujet lundi lors d’un déplacement à Evry-Courcouronne, où il échangera avec des élus et des représentants d’associations. Le sujet devrait aussi être au menu des rencontres, organisées tout au long de la semaine, avec les chefs des groupes représentés à l’Assemblée nationale, au Sénat et au Parlement européen. Gilles Le Gendre, patron des députés LRM, et Christian Jacob, président du groupe LR, sont les premiers à être conviés à l’Elysée ce lundi matin. Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (RN) seront reçus mercredi.

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