La plainte pour violences policières déposée en décembre à Versailles par le syndicat lycéen UNL après l’interpellation de 151 adolescents près d’un lycée de Mantes-la-Jolie (Yvelines), a été dépaysée à Nanterre, a annoncé, mardi 5 février, Me Arié Alimi, l’avocat du syndicat, qui en avait fait la demande.

« Il est amplement justifié par l’implication éventuelle du ministère public et du préfet des Yvelines dans les faits extrêmement graves et choquants commis sur ces mineurs. On espère maintenant que l’enquête avancera plus vite », a-t-il poursuivi.

C’est lors d’une mobilisation nationale des lycéens le 6 décembre que 151 jeunes âgés de 12 à 21 ans avaient été interpellés près du lycée Saint-Exupéry après des incidents. La vidéo de leur arrestation, genoux au sol et mains sur la tête, avait provoqué un tollé. A l’issue de leur garde à vue, la plupart d’entre eux avaient écopé de simples rappels à la loi.

Interpellations à Mantes-la-Jolie : Castaner insiste sur le contexte de « violences urbaines »

Castaner réagit à l’interpellation des lycéens à Mantes-la-Jolie
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« Ce n’était pas un mouvement lycéen, mais de véritables violences urbaines. » Christophe Castaner, a réagi, vendredi 7 décembre, à l’interpellation, la veille, de 151 lycéens à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Une vidéo montrant des rangées d’élèves à genoux, mains sur la tête, sous la surveillance de policiers casqués, armés de matraques et de boucliers, a provoqué de nombreuses réactions indignées.

Comme l’avait fait son collègue de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, quelques heures plus tôt, M. Castaner a insisté sur le contexte ayant mené à ces interpellations. « Il y avait là une centaine d’individus encagoulés et armés de bâtons, avec la ferme intention d’en découdre avec les forces de l’ordre », a-t-il assuré, après avoir reconnu que les images étaient « dures ». « Ce sont des jeunes gens qui ne sont pas forcément des adolescents et des lycéens », a affirmé le ministre lors d’une conférence de presse à Beauveau.

D’après un communiqué du procureur de la République de Versailles et des déclarations du parquet citées par l’Agence France-pressse :

  • 151 personnes ont été placées en garde à vue à Mantes-la-Jolie, 38 autres dans le département des Yvelines ;
  • sur ce total de 189 personnes, 142 ont reçu un rappel à la loi ;
  • toutes les gardes à vue initiées jeudi ont été levées, 26 ont débuté vendredi ;
  • 17 personnes ont été déférées vendredi au parquet, soit à la suite des événements survenus à Mantes-la-Jolie ;
  • 16 mineurs ont été ou seront présentés à un juge des enfants ;
  • aucun gardé à vue n’a été blessé lors des interpellations ;
  • « aucune des procédures examinées, à ce jour, n’a dû être classée pour cause d’erreur de procédure », a conclu le procureur.

Mantes-la-Jolie : images choquantes de lycéens interpellés par la police
Durée : 01:12

A ce jour, une vingtaine de plaintes notamment pour « actes de torture et de barbarie » et « diffusion illégale » de vidéo de personnes entravées ont été déposées par les familles des jeunes interpellés et une dizaine d’autres devraient l’être encore, selon Me Alimi. Pour l’avocat, « il est plus que probable que toutes les plaintes des familles déposées à Versailles soient dans la foulée dépaysées à Nanterre ».

L’association SOS Racisme, le syndicat Sud Education et la fédération de parents d’élèves FCPE devaient également se constituer partie civile.

La procureure de la République de Nanterre, Catherine Denis, a indiqué à l’AFP n’avoir à ce jour « reçu qu’une partie des plaintes » des familles. Ces plaintes, a précisé la magistrate, restent donc à « enregistrer avant un départ en enquête », laquelle « n’est donc pas encore ouverte », contrairement à ce qu’avait indiqué plus tôt une source policière.