Photo prise le premier janvier 1965 montrant le submersible « Minerve » à quai dans le vieux port de Marseille. / - / AFP

Grande nouvelle pour les familles des marins disparus de la Minerve, le sous-marin français qui avait disparu au large de Toulon en 1968 : le ministère des armées a annoncé, mardi 5 février, que les recherches allaient reprendre pour retrouver l’épave. Un communiqué de la ministre des armées, Florence Parly, précise que les opérations seront confiées à la marine nationale avec le concours de l’Ifremer et du Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM).

« Consciente de la souffrance des familles, que le temps ne saurait effacer, la ministre renouvelle sa compassion aux familles des cinquante-deux marins disparus dans l’accomplissement de leur devoir et salue leur mémoire », indique Mme Parly, tout en tenant « à souligner que, malgré les progrès technologiques, des recherches par plus de 2 000 mètres de fonds restent complexes et sans certitude d’aboutir ».

La disparition tragique du sous-marin argentin San-Juan et de ses quarante-quatre membres d’équipage, le 15 novembre 2017, avait eu un grand écho dans la communauté militaire sous-marine du monde entier. Le San-Juan avait implosé sous l’effet de la pression à la suite d’une avarie, et gisait par 870 mètres de fond, à 400 kilomètres au large de la Patagonie. Le drame avait tenu l’Argentine en haleine jusqu’à ce que, le 16 novembre, une entreprise privée américaine localise l’épave.

Deux campagnes de recherche infructueuses

En France, les sous-mariniers se sont alors souvenus du drame du 27 janvier 1968, quand la Minerve, un sous-marin d’attaque de 58 mètres à propulsion diesel-électrique de la classe Daphné, avait coulé à une vingtaine de kilomètres au large de Toulon au cours d’un exercice. Le navire pourrait se trouver entre 1 000 et 2 000 mètres de profondeur.

Evoquant le San-Juan, les familles des cinquante-deux militaires disparus de la Minerve avaient interpellé Mme Parly. « Les Argentins ont retrouvé le San-Juan, après un an de recherches. Nos compatriotes savent-ils qu’un sous-marin de notre marine nationale a aussi disparu et que nous ne cherchons pas, nous, à savoir où il est ? », ont demandé Christophe Agnus et Hervé Fauve, respectivement le fils de l’ingénieur machine du navire, le lieutenant de vaisseau Jean Agnus, et le fils du commandant, le lieutenant de vaisseau André Fauve.

Lors de la disparition de la Minerve, la marine française avait mené des recherches durant cinq jours. Une autre campagne infructueuse avait eu lieu durant treize jours en 1969, avant que le dossier ne soit classé secret-défense, et les familles abandonnées au silence.

Des techniques plus performantes aujourd’hui

La Minerve est ainsi le seul sous-marin militaire du monde dont on ne connaît pas la position parmi ceux qui ont disparu depuis la seconde guerre mondiale, fait valoir Christophe Agnus. Les familles des morts ne demandent que « le respect », plaide-t-il, en pouvant localiser le tombeau de leurs proches sur une carte marine. Emmanuel Macron avait ouvert les archives en juin 2017. Christophe Agnus, qui les avait déjà consultées seul en 2007 à l’invitation de Nicolas Sarkozy, n’y avait rien découvert.

En 1968, les techniques de recherche étaient beaucoup moins performantes. La campagne 2019 « commencera par des essais techniques de quelques jours en février, dans la zone de présence possible de la Minerve, déterminée par l’analyse des enregistrements sismiques de l’implosion du sous-marin lors de sa disparition », indique le ministère. Et elle continuera en juillet pour bénéficier de conditions météorologiques favorables. Les moyens annoncés comprennent des bâtiments porteurs de sondeurs multifaisceaux, des drones sous-marins et un mini-sous-marin capable de photographier à grande profondeur.