Johan Clarey a fini, mercredi 6 février, à neuf centièmes du titre décroché par le favori italien Dominik Paris. / Giovanni Auletta / AP

Johan Clarey est du genre patient. A 38 ans, le skieur français a obtenu, mercredi 6 février, le plus beau résultat de sa carrière, une médaille d’argent mondiale en super-G. Sur la piste de Äre, en Suède, il est même passé à neuf centièmes du titre décroché par le favori italien Dominik Paris.

Johan Clarey devient ainsi le plus âgé des médaillés en championnats du monde de ski. C’est sa seizième saison sur le circuit, et la plus belle, aussi. Il y a une semaine, il avait décroché son premier podium en Coupe du monde de super-G dans la mythique station de Kitzbühel, en Autriche.

Clarey parachève une performance d’ensemble remarquable chez les Français, Adrien Théaux finissant 5e et Brice Roger 7e. Ils étaient pourtant arrivés dans de piètres conditions, lundi, en Suède, après un trajet de vingt-cinq heures et une nuit blanche, passant sept heures coincés dans un avion bloqué par la neige à l’aéroport de Munich.

« Notre super-G a pris un coup dans l’aile, c’est sûr », fulminait Clarey lundi, après avoir été contraint de s’entraîner sur des skis d’emprunt, les siens étant retenus à l’aéroport de Stockholm. Les Français avaient demandé – en vain – un report du super-G.

« Tonton »

Depuis plusieurs années, Johan Clarey, surnommé « Tonton » ou « l’Ancêtre » en équipe de France, s’interrogeait sur l’opportunité de poursuivre une carrière plus vraiment lucrative. Mais il était convaincu de pouvoir réussir ces Mondiaux d’Äre, sur une piste qu’il apprécie. Malgré un âge avancé et rare pour les descendeurs, soumis à des blessures fréquentes.

Opéré plusieurs fois des genoux puis d’une hernie discale, Clarey a, comme beaucoup d’autres de sa caste, connu peu de saisons complètes. « Il y a quelque temps, plus personne d’aussi vieux n’était encore sur le circuit, soulignait-il dans L’Equipe en décembre. Mes genoux me le rappellent tous les matins, surtout sur des pistes très difficiles. Je compense par beaucoup d’expérience et de calme. »

Le décès de David Poisson, mort après une chute lors d’un entraînement au Canada en novembre 2017, l’avait marqué encore plus que d’autres, tant les deux hommes étaient proches. « Ça a été une lutte psychologique constante. Finalement, je n’ai pas pu m’arrêter sur une saison aussi douloureuse et la perte de mon pote », disait Clarey en début de saison.

« Contrecoup de la saison horrible vécue l’an dernier »

Il était alors complètement hors du coup en super-G. Du fait de son mauvais classement en Coupe du monde, il s’élançait avec des dossards très élevés, généralement synonymes de piste dégradée et donc de mauvaise performance. Mais, en ne se mettant aucune pression, il a progressivement grimpé dans la hiérarchie mondiale et retrouvé des dossards favorables, comme ce mercredi, où il s’est élancé en 14position.

« Je suis resté très calme, a-t-il commenté sur Eurosport. Je suis parti pour me faire plaisir, j’avais beaucoup de lucidité dans la cabane de départ. Malheureusement, en bas, je fais quelques fautes qui me coûtent très cher, ça me coûte peut-être la première place ». 

Cette saison réussie « est un contrecoup de la saison horrible qu’on a vécue l’an dernier, avec David [Poisson] qu’on avait dans la tête tout le temps, que j’avais aussi aujourd’hui en tête, a-t-il ajouté. Je suis dans le plaisir, dans l’idée de profiter de la vie et des choses, et c’est ce que j’ai fait. »