L’acteur irlandais Liam Neeson, à gauche, s’est défendu devant Robin Roberts, la présentatrice de « Good Morning America », d’être raciste, le mardi 5 février. / Lorenzo Bevilaqua / AP

Tout a commencé lundi, lors d’une interview de la star nord-irlandaise de 66 ans accordée au journal The Independent dans le cadre de la promotion de son nouveau film, Sang-froid, dans lequel il incarne un père qui décide de venger le meurtre de son fils par un cartel de la drogue.

C’est en souhaitant aborder les ressorts psychologiques de son personnage qu’il a raconté une anecdote, vieille de quarante ans. Rentrant de l’étranger, Liam Neeson découvre qu’une de ses proches a été victime d’un viol. « J’ai demandé : savait-elle qui a fait ça ? Non. De quelle couleur étaient-ils ? Elle a répondu que c’était une personne noire. » 

Alors, « j’ai honte de le dire, j’ai parcouru les rues avec une matraque, en espérant être approché par quelqu’un. J’ai fait ça pendant peut-être une semaine, en espérant qu’un salopard noir sortirait d’un pub pour me chercher des noises. Comme ça, j’aurais pu… », poursuit-il, avant de s’interrompre un instant, puis d’ajouter : « Le tuer. »

« Je ne suis pas raciste »

Même s’il en profite pour confier ses regrets à la suite de ses pensées « horribles », les réactions se sont multipliées pour dénoncer le « racisme » de l’acteur.

« Je ne suis pas raciste », a-t-il réagi mardi, questionné par Robin Roberts sur le plateau de l’émission « Good Morning America », sur la chaîne ABC. « Je n’avais jamais ressenti ce besoin primaire de me défouler », a reconnu l’acteur, avant d’ajouter que si son amie « avait dit que [son agresseur] était irlandais, écossais, britannique ou lituanien », il aurait « ressenti la même chose ». « Je suis sorti volontairement dans les quartiers noirs de la ville, en cherchant à me faire attaquer », a-t-il précisé, confirmant ses propos tenus dans The Independent.

Ces sorties, sans que l’on sache à quelle ville Liam Neeson fait référence, ont eu lieu « quatre ou cinq fois », a-t-il décrit. « J’ai cherché de l’aide, je suis allé voir un prêtre », a ajouté l’acteur nord-irlandais catholique.

En 2014, l’acteur reconnaissait avoir recours au « profilage racial »

Depuis le succès en 2008 de Taken, où il campe un personnage revanchard et impulsif, Liam Neeson a multiplié les films d’action et voit avec cette polémique son image publique se confondre avec sa personnalité réelle.

La star de La Liste de Schindler a rappelé les conditions dans lesquelles il a grandi, pendant le conflit nord-irlandais des années 1970 : « La haine… Un catholique se faisait tuer, le lendemain un protestant se faisait tuer. Un pub catholique sautait, un autre pub protestant sautait. »

En 2014, au moment de la promotion d’un autre film d’action, Non-stop, Liam Neeson avait déjà tenu des propos équivoques. « On fait tous du profilage racial. C’est horrible à admettre, mais on le fait tous. Je sais que moi je le fais », avait-il déclaré au Guardian.

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