Un soldat malien contrôle le passage d’un pont sur le fleuve Niger, près de Markala, dans le centre du Mali, en janvier 2013. / ERIC FEFERBERG / AFP

Cinq mille combattants, dont des djihadistes présumés, se sont inscrits dans le processus de désarmement lancé dans le centre du Mali, où les violences intercommunautaires ont fait plus de 500 morts depuis début 2018, a-t-on appris de source officielle, mercredi 6 février.

Fin décembre, Bamako avait annoncé un renforcement de sa présence militaire dans le centre, voisin du Burkina Faso, accompagné d’un programme de désarmement des milices d’autodéfense communautaires à dominante peule ou dozo et des combattants djihadistes.

Le gouvernement malien, toujours confronté à la menace djihadiste malgré plusieurs années d’interventions militaires internationales, entend reprendre pied dans cette partie du pays en tirant profit de l’élimination, lors d’une opération menée par l’armée française en novembre, du chef djihadiste Amadou Koufa, prédicateur peul à la tête d’un groupe lié à Al-Qaida.

Armes de guerre et fusils de chasse

« A la date butoir du 31 janvier fixée par le premier ministre [Soumeylou Boubeye Maïga], 5 000 combattants ont été enregistrés comme détenant des armes de guerre, dont 600 ont déjà déposé une arme », a déclaré à l’AFP le président de la Commission nationale Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR), Zahabi Ould Sidy Mohamed.

« Parmi eux, il y a d’anciens djihadistes et des miliciens de groupes armés », a-t-il ajouté, précisant que parmi les armes déclarées figurent des « armes de guerre » et des « grenades ». Dans la mesure où les affrontements intercommunautaires impliquent régulièrement des groupes de chasseurs traditionnels, « nous allons aussi récupérer les fusils de chasse », a expliqué Zahabi Ould Sidy Mohamed.

Au cours des deux prochaines semaines, ces 5 000 hommes seront cantonnés dans le centre du pays, afin de « déterminer le corps [de l’Etat, y compris les forces armées et de sécurité] dans lequel ils pourraient être mutés », selon le président de la Commission DDR. Il a précisé qu’avec l’aide d’ONG, les auteurs de violations des droits humains seront identifiés et « ne pourront en aucun cas être intégrés dans l’armée malienne ».

Le phénomène déborde sur les pays voisins

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida. Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit. Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les djihadistes, dont l’application accumule les retards.

Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.

Violences au Mali : des mercenaires étrangers derrière les massacres ?
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