La date officielle de fin de chasse de ces espèces est fixée au 31 janvier, conformément à une directive européenne de protection des oiseaux migrateurs. / ATTILA KISBENEDEK / AFP

Le Conseil d’Etat a ordonné, mercredi 6 février, la suspension immédiate d’un arrêté autorisant la prolongation de la chasse aux oies sauvages en février. Cet arrêté gouvernemental prévoyait un quota pour tuer 4 000 oies cendrées dans le mois en France, sauf en Alsace, et repoussait au 10 février la date de fermeture de la chasse à l’oie des moissons et à l’oie rieuse. La date officielle de fin de chasse de ces espèces est fixée au 31 janvier, conformément à une directive européenne de protection des oiseaux migrateurs.

Le gouvernement « fait état des risques, au regard notamment de l’équilibre des écosystèmes, que présenterait la prolifération des espèces d’oies, en particulier au Nord de l’Europe », note, dans son ordonnance, le Conseil d’Etat saisi en urgence par la Ligue de protection des oiseaux, FNE, Humanité et Biodiversité, et One Voice. Et d’ajouter, au terme d’une audience tenue mardi :

« Cependant il n’établit pas (…) qu’il n’existerait aucune autre solution satisfaisante, qui pourrait notamment être mise en œuvre dans les Etats européens les plus concernés par les risques allégués, ni que les prélèvements par tir autorisés constitueraient une exploitation judicieuse de certains oiseaux en petites quantités lui permettant de déroger au principe de protection complète des espèces migratrices. »

« Victoire ! »

Pour la Fédération nationale des chasseurs, « le Conseil d’Etat vient de prendre une décision choquante en refusant de reconnaître le bien-fondé de la régulation des oies ». Dans un communiqué, l’instance a dénoncé mercredi « une jurisprudence dépassée », « refusant la nouvelle gestion adaptative des espèces ». La Fédération avait fait valoir cet été un engagement du président Emmanuel Macron en faveur de cette dérogation de février, dans le cadre d’une réforme plus large de la chasse.

« Victoire ! », a au contraire réagi l’association One Voice, pour qui « le surnombre d’oies avancé n’est qu’un prétexte fallacieux pour permettre aux chasseurs de s’adonner à leur loisir ». La « LPO se voit obligée de rappeler année après année aux gouvernements successifs qu’on ne doit pas chasser les oiseaux migrateurs de retour sur leurs lieux de nidification », ajoute la Ligue de protection des oiseaux, qui recense là la douzième condamnation de l’Etat sur ce sujet.