3/4 en renard lustré marine, travail horizontal, petit col, simple boutonnage. / Gros et Delettrez

Une veste Yves Saint-Laurent en velours noir bordée de zibeline adjugée 33 750 euros (collection Catherine Deneuve chez Christie’s le 24 janvier dernier), une veste 7/8 en vison Yves Saint-Laurent également emportée pour 2 576 euros chez Cornette de Saint-Cyr (collection Mouna Ayoub le 23 janvier)… Les fourrures anciennes trouvent encore leur place sur le marché des ventes aux enchères. D’autres ventes vont prochainement en proposer : le 7 février à Cannes (Azur Enchères Cannes), le 13 et le 16 à Paris (études Gros et Delettrez, et Sadde). Même si le sujet est polémique, car touchant la protection animale, les fourrures anciennes semblent encore trouver des amatrices, principalement européennes (allemandes en tête), mais aussi russes et américaines.

L’expert en mode et fourrures de la vente Gros et Delettrez Dominique Chombert résume ainsi le marché : « Les fourrures anciennes n’intéressent personne, surtout lorsqu’elles ne sont pas tachetées, avec des coupes qui ne sont pas au goût du jour, des tannages anciens trop lourds, et un travail de la fourrure trop ancien et donc passé de mode. »

Exclu donc, le manteau en vison de grand-mère, dont on hérite, « je conseille à mes clientes de les transformer en plaid, très chaud pour l’hiver, ou en gilet sans manche à porter sous un manteau. Mais ils ne valent plus rien. » Ce type de pièce, que l’on retrouve régulièrement dans les ventes aux enchères après des successions, peine en effet à dépasser les 50 euros ou 80 euros.

Après vingt ans, une fourrure est difficle à restaurer

En revanche, trouvent grâce aux yeux des enchérisseuses les fourrures teintées (le terme exact est fourrures lustrées) en vert, bleu, rouge qui existent depuis les années 1980 (estimées en général entre 1 000 euros et 2 000 euros) ; les fourrures tachetées (ocelot, panthère) dont la production est interdite en France depuis 1978 et qui doivent donc être accompagnées d’un certificat Cites qui prouve l’ancienneté des peaux (800 euros à 1 500 euros) ; et enfin la zibeline de Russie considérée comme la reine des fourrures (4 000 euros à 6 000 euros). L’experte ajoute que quelques marques telles que Dior ou Fendi peuvent également influer à la hausse sur le prix de vente, même si au fond, la qualité compte davantage.

L’ancienneté et l’état de conservation également ; il est recommandé de ne pas mettre son manteau à la cave, où la peau y sèche, et de tenir compte de la durée de vie d’une fourrure. Au-delà d’une vingtaine d’années de service, elle devient difficile à restaurer et à transformer, sauf lorsqu’il s’agit de pièces exceptionnelles. Avant, il est possible de la faire retoucher, moderniser afin de pouvoir la porter.

Gilet en vison saphir lustré rouge à travail de chevrons arrêtes sur flancs, petit col, simple boutonnage. / Gros et Delettrez

« L’effet de mode joue aujourd’hui pour des fourrures qui ont une vraie coupe et suivent les tendances », analyse Dominique Chombert, dont le père était justement l’un des premiers fourreurs à dessiner de véritables vêtements en fourrure, avec des épaules, des emmanchures. « A partir des années 1970, les grands couturiers (Dior, Fendi, Gaultier) ont investi ce domaine et se sont montrés très créatifs, c’est le moment où l’on est sorti du concept une fourrure et une seule, que l’on conserve pour la vie. » Certains de ces couturiers ont depuis renoncé à proposer des collections de fourrures, en se rangeant du côté de la protection animale. Mais notre experte souligne que, « aujourd’hui, ceux qui fabriquent des garnitures autour des capuches, par exemple, utilisent bien plus de fourrures en proportion ».