La petite cité-Etat de Portia est un village côtier un peu particulier. En plus des commerçants habituels, on y trouve une milice un peu à cran, des ruines de bâtiments modernes détruits par la guerre, des monstres surnaturels et une religion qui proscrit toute technologie.

C’est dans ce charmant univers que débarque le joueur, pour s’installer dans une cabane insalubre laissée par son père. Puisqu’il faut bien gagner sa vie, on lui propose de reprendre l’activité de ce dernier et de devenir constructeur, un métier visiblement très couru puisque le héros a déjà quatre concurrents. On peut se demander pourquoi une commune de trente habitants a besoin de cinq charpentiers, mais tel est désormais notre destin.

Sorti en version définitive le 15 janvier sur PC, et prévu dans le courant de l’année sur Switch, My Time at Portia est une simulation villageoise fortement inspirée d’Harvest Moon, Animal Crossing et Stardew Valley. Le joueur hérite d’un terrain à la campagne, va le développer pour devenir un commerçant respecté du village et nouer des liens avec les habitants. Un genre qui ennuie la moitié des joueurs, passionne les autres, et attire immanquablement la question : « Mais ça t’amuse de planter des radis ? »

Eoliennes et montgolfières

On peut faire beaucoup de choses à Portia, mais on y plante peu de radis. Le cœur du jeu, c’est le « crafting ». Les habitants de Portia ont toujours besoin de vos talents : une table, un coffre, un pont pour rejoindre une île ou encore des épées pour les miliciens. Votre travail, c’est récupérer des matériaux bruts, les transformer, trouver les schémas de fabrication d’un objet et répondre aux nombreuses demandes.

Arrivé à un certain stade de « My Time at Portia », il ne sera plus nécessaire de couper du bois tous les jours. / Pathea Games

Si, pour commencer, un four, une scierie artisanale ou un métier à tisser sont suffisants pour nos besoins, il faut très vite s’étendre. Transformer des minerais en lingots prend parfois une journée, et il en va de même pour fondre ces lingots en plaques ou en tuyaux. Alors avec l’argent des commissions, il faut agrandir son terrain, sa maison et son atelier. Il faut sans cesse optimiser sa production, en fabriquant plusieurs machines qui tournent en permanence pour ne pas interrompre la production. Les premières heures sont laborieuses, et on est noyé par la masse de tâches à accomplir.

Les commandes deviennent de plus en plus imposantes. Si l’on nous demandait de construire un petit pont en bois ou un four en pierre au début, la mairie nous accorde par la suite des projets plus importants : des éoliennes, un générateur électrique, des montgolfières, etc.

Un village vivant qui évolue sous nos yeux

L’aspect le plus enchanteur de My Time at Portia, c’est que ce labeur a des conséquences. Le village de Portia évolue constamment à l’aide de vos fabrications. Notre voisine nous demande de fabriquer un arrosage automatique pour son champ ? Celui-ci sera visible tout le long du jeu. Les arrêts de bus, demandés par le maire, seront utilisables par le joueur. Des maisons sortent de terre, des tunnels sont creusés et des commerces ouvrent au fur et à mesure des chantiers réalisés par le joueur.

Portia sous la neige a un certain charme. / Pathea Games

Le village de Portia a une âme, en dépit de certains habitants aux lignes de dialogue insipides et de voix anglaises peu convaincantes. La quête principale ne manque pas de contenu (comptez environ soixante heures pour la compléter) et dévoile progressivement l’histoire de la région. Le tout avec une direction artistique chatoyante, et des paysages agréables à l’œil, malgré des environnements souvent très vides. Des graphismes et une ambiance « cartoon » qui détonnent avec l’histoire sinistre de la région.

Passer des heures à devenir ami avec un cochon

Le jeu regorge de petites idées qui simplifient la vie. Le « crafting », qui vous oblige à utiliser de nombreuses ressources différentes, est facilité par les développeurs : toute ressource possédée et stockée dans un coffre peut être utilisée directement par vos machines (fours, scierie, etc.). Les joueurs de Minecraft qui ont souffert d’interminables va-et-vient entre les coffres apprécieront.

Cette simplicité se retrouve dans le système de socialisation. Lorsque l’on noue des liens avec un habitant, on gagne des « points d’amitié » avec ses proches. Finalement, on finit par devenir ami avec de nombreux habitants en se contentant de suivre le fil du jeu et en leur rendant service au gré des missions. On peut même se lier d’amitié avec les animaux du village (un chien, un chat et un cochon, tous adorables).

Certes, l’aventure souffre de défauts techniques qui viennent parfois gâcher l’expérience. Les combats sont ennuyeux. Le jeu est mal optimisé sur PC, et de nombreux joueurs rencontrent des saccades et des ralentissements agaçants. Plusieurs bogues embêtants étaient présents au lancement du jeu, mais certains ont d’ores et déjà été corrigés.

My Time at Portia est parfois trop répétitif, imparfait techniquement et vide par endroits. Mais il remplit parfaitement le cahier des charges du genre « simulation villageoise », si bien qu’après des débuts laborieux, on lui pardonne pleinement ses petits défauts.

En bref

On a aimé :

  • l’univers qui évolue sous nos yeux,
  • l’esthétique cartoon adorable,
  • Pinky, le chat du village.

On n’a pas aimé :

  • le moteur graphique qui toussote,
  • des quêtes parfois répétitives,
  • quand Pinky, le chat du village, n’a pas voulu être notre ami.

C’est plutôt pour vous si…

  • vous aimez creuser dans les mines,
  • vous avez beaucoup trop joué à Minecraft,
  • vous avez toujours rêvé d’ouvrir un atelier dans un village post-apocalyptique.

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • vous n’avez pas envie de passer soixante heures à faire fondre des lingots d’acier.

La note de Pixels :

700 coups de pioche/999.