Paris Première, dimanche 10 février à midi, magazine

Si vous aussi, chaque ­dimanche sur Paris Première, ne ratez pas un seul épisode du magazine « Très très bon » de François-Régis Gaudry, vous ne serez pas déçu (ou peut-être seulement un peu – nous y reviendrons plus bas) par la déclinaison que le journaliste gastronomique en propose avec « Maison Très très bon », dont le premier numéro est dévoilé ­dimanche 10 février.

Ce « tiré à part » a vocation, non à remplacer le rendez-vous hebdomadaire avec Gaudry et sa troupe de chroniqueurs bobos mais très avisés, mais à le ­compléter occasionnellement par une émission plus longue et différente : un invité est reçu dans une demeure – qui a tout d’une ancienne maison de passe de catégorie supérieure relookée par « Elle Déco » – et est soumis, dans chaque pièce, à une épreuve.

Parmi celles-ci, reconnaître un plat dans le noir (la séquence, dite « La boîte noire », est familière aux téléspectateurs de « Top Chef ») ; faire la différence entre une shepherd’s pie britannique et un hachis parmentier français ; accorder l’usage d’une râpe au produit qui lui correspond ; ­confectionner un sandwich au homard à la ­manière du ­gagnant – français – du concours international du meilleur lobster roll,etc.

Cyril Lignac est le premier invité de ce nouveau programme. On le voit certes déjà beaucoup à la télévision – sur M6, groupe audiovisuel auquel appartient Paris Première –, mais il demeure diablement sympathique et « bon client » de ce genre de programme. Et il se tire avec un quasi-sans-faute de ces épreuves, sauf quand il s’agit de dire correctement l’imprononçable ­ « Worcestershire sauce »…

Un sentiment de déjà-vu

Une petite mais instructive ­séquence pédagogique, présentée par Aurore Vincenti, explique certains termes nébuleux : on apprendra ainsi le lien sémantique entre un haricot de mouton et une célèbre purée montée au fromage… On aurait pu en revanche se passer du concours de mesurage du fil de fromage fondu le plus long : Gaudry a l’art de la gaudriole lexicale, mais là, ça fait bouche-trou.

Autant « Très très bon » est resserré, vif, spirituel (et paraît trop court), autant « Maison Très très bon », qui dure un peu plus d’une heure, manque parfois de substance, de nerf (et semble trop long). On avouera aussi un ­sentiment de déjà-vu et de réchauffé (les séquences de reconnaissance de vin à l’aveugle).

Mais on est persuadé que les prochains épisodes – qui devraient convier des personnalités autres que des chefs de cuisine – corrigeront ces défauts. Notons qu’Alain Passard, le chef triplement étoilé du restaurant parisien L’Arpège, qu’on ne voit ­jamais dans les émissions culinaires télévisées – sauf dans le portrait qui est fait de lui dans la série documentaire « Chef’s ­Table » de Netflix – est présent le temps d’une séquence (le plat que doit reconnaître Lignac dans le noir est son fameux tartare de betterave en trompe-l’œil). Il fut le maître de ce dernier – qui ne lui ressemble en rien, mais lui garde une touchante affection.

On retrouve les chroniqueurs habituels de Gaudry, Elvira ­Mas­son, Mina Soundiram, ­Gwilherm de Cerval et l’inénarrable Fré­dérick ­Ernestine Grasser Hermé, alias FeGH, trublion arrivé, comme le précédent, dans « Très très bon » cette saison, et qui y ­dispense l’art du « geste parfait ». Elle est drôle, grande gueule, joue la cougar un peu foutraque, et on lui doit l’un des premiers ­livres de cuisine trash gastronomique, Délices d’initiés (Noesis, 1999). Respect !

Maison Très très bon, présenté par François-Régis Gaudry (Fr., 2018, 68 min.) www.6play.fr/tres-tres-bon