Audition d'Alexandre Benalla au Sénat, le 21 janvier. / JULIEN DANIEL / M.Y.O.P POUR "LE MONDE"

De nouveaux éléments publiés lundi 11 février tendent à éclairer le rôle présumé joué par Alexandre Benalla dans la conclusion de contrats de sécurité avec deux oligarques russes proches de Vladimir Poutine, notamment pendant qu’il était employé par l’Elysée.

Si l’on savait déjà qu’un premier contrat avait été conclu en juin 2018 – alors qu’Alexandre Benalla était encore officiellement employé de l’Elysée –, l’existence d’un deuxième contrat, noué en décembre 2018, vient d’être révélée. Selon le site d’informations Mediapart, qui cite notamment le dirigeant du groupe Velours choisi comme prestataire, ces deux contrats « s’élèvent à 2,2 millions d’euros ».

  • Le premier contrat prévoyait la protection d’Iskander Makhmudov, un homme à la réputation sulfureuse, que l’on dit proche de Vladimir Poutine et de la mafia moscovite. Il a été signé avec Mars, la société de Vincent Crase, gendarme réserviste ami d’Alexandre Benalla, laquelle a ensuite sous-traité à Velours. Plusieurs éléments montrent que M. Benalla s’est impliqué personnellement dans la négociation, alors qu’il travaillait encore à l’Elysée.
  • Un deuxième contrat a été noué en décembre 2018 avec Farkhad Akhmedov par une société montée par un proche d’Alexandre Benalla, qui lui a reversé une partie des bénéfices par l’intermédiaire d’une société au Maroc.

« M. Benalla connaissait les noms »

Le Parquet national financier (PNF) a confirmé vendredi l’ouverture d’une enquête pour corruption sur un contrat de sécurité signé avec Iskander Makhmudov, dans lequel serait en outre impliqué Chokri Wakrim, ex-membre des services spéciaux et compagnon de la commissaire de police alors responsable de la sécurité du premier ministre.

Vincent Crase a déclaré lors de son audition devant le Sénat qu’il s’agissait de prestations pour que les trois enfants de M. Makhmudov bénéficient d’un accompagnement journalier, et pour « que lui-même dispose d’une équipe comprenant un chauffeur et deux personnes, durant ses villégiatures en France ». « Alexandre Benalla a assisté à deux trois rendez-vous sur ce contrat avec M. Crase et nous-mêmes, a déclaré Jean-Maurice Bernard, directeur de Velours, lundi sur BFM TV. M. Benalla a soufflé ou en tout cas connaissait les noms des cinq personnes qui nous ont été imposées par Vincent Crase. »

Comme l’avait révélé Le Monde le 8 février, la première réunion d’organisation du contrat, réunissant Velours, Alexandre Benalla et Vincent Crase, s’est déroulée à la mi-mars 2018 dans un bar à chicha, dont l’adresse est proche de la présidence de la République, où le collaborateur de l’Elysée avait ses habitudes.

Après la signature de l’accord de sous-traitance entre Mars et Velours en juin 2018, le paiement de la première tranche du contrat (294 000 euros par trimestre) arrive le 28 juin sur le compte de Mars à la Société générale, dont une partie (172 200 euros) est reversée le 6 juillet à Velours, détaille Mediapart.

La société Velours a ensuite rompu son contrat en juillet 2018, après les révélations du Monde sur les événements du 1er-Mai place de la Contrescarpe, à Paris, pour lesquels Alexandre Benalla est mis en examen.

Enregistrements, violences, passeports… : S’y retrouver dans les affaires Benalla

Licencié le 23 juillet par l’Elysée, Alexandre Benalla aurait récupéré en octobre le premier contrat, signé avec Iskander Makhmudov. Un nouvel accord est alors établi pour 980 000 euros, par le biais d’une société baptisée France Close Protection.

Selon Mediapart, il aurait ensuite « contracté en décembre 2018 un second contrat de sécurité avec un autre oligarque russe proche de Poutine, Fahkad Akhmedov, d’un montant total de 980 000 euros », ce qui porte à plus de deux millions le montant total des accords passés.

L’affaire Benalla résumée en 5 minutes
Durée : 05:31