Le président des Etats-Unis, Donald Trump, le 12 février. / Evan Vucci / AP

Le président des Etats-Unis, Donald Trump, s’est dit, mardi 12 février, insatisfait de l’accord présenté par des négociateurs républicains et démocrates sur la construction de son mur à la frontière mexicaine. Il a cependant éloigné la perspective d’une nouvelle paralysie des administrations fédérales.

Washington a jusqu’à vendredi minuit pour éviter une nouvelle impasse qui conduirait à l’assèchement soudain des budgets, ou shutdown, de 25 % des administrations fédérales américaines.

Trump « mécontent » de l’accord

Lundi soir, des négociateurs républicains et démocrates sont parvenus à un accord budgétaire de principe.

Il prévoit 1,3 milliard de dollars notamment pour construire environ 90 km de nouvelles barrières à la frontière avec le Mexique afin de lutter contre l’immigration clandestine… loin des exigences de Donald Trump, qui réclame près de 6 milliards.

De la Maison Blanche, le président s’est dit « extrêmement mécontent de ce que les démocrates (…) ont proposé ». Avant, toutefois, de s’offrir une possible voie de sortie, en laissant entendre qu’il pourrait trouver ailleurs dans le budget du gouvernement des fonds pour compléter le financement du mur :

« Quand on y ajoute ce que j’ai à ajouter, cela va marcher, nous allons construire un beau mur, grand et solide, qui ne laissera pas entrer les criminels et les trafiquants de drogue et la drogue dans notre pays. Je ne pense pas que nous allons avoir un shutdown. Je n’en voudrais pas et s’il y en avait un, ce serait la faute des démocrates. »

Face à un Congrès divisé entre les deux partis, toute loi budgétaire doit faire l’objet d’un compromis. Donald Trump a un droit de veto et pourrait la bloquer, mais la pression est immense sur le président pour éviter un nouveau shutdown. Les Etats-Unis sont en effet encore sous le choc de la plus longue impasse budgétaire partielle de leur histoire, lorsque huit cent mille fonctionnaires ont été placés au chômage forcé ou ont travaillé sans salaire pendant trente-cinq jours, jusqu’au 25 janvier. Sans compter les nombreux contractuels qui, eux, n’ont pas touché leur paye rétroactivement.

Après cet intense bras de fer avec les démocrates, le milliardaire avait finalement cédé en signant la loi budgétaire temporaire qui est valide jusqu’à vendredi, et qui ne comprend pas de financement pour le mur. Une nouvelle reculade serait très embarrassante face à sa base électorale, lui qui vise la réélection en 2020.

Les ultraconservateurs pas satisfaits

Interrogé à propos des déclarations de Donald Trump, le sénateur démocrate Patrick Leahy, qui participe aux négociations, a affirmé que l’accord présenté ne serait pas retouché et qu’il s’attendait à ce qu’un projet de loi budgétaire soit présenté à la chambre haute dès mercredi soir.

« La plupart des démocrates et des républicains à qui j’ai parlé au Sénat et à la Chambre sont satisfaits du résultat », a-t-il affirmé à des journalistes. Le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell, avait plus tôt mardi salué cet accord comme une « bonne nouvelle ».

Ses mots sont importants, puisque M. McConnell avait refusé, pendant toute la durée du long shutdown, de soumettre toute loi à un vote sans l’assurance que Donald Trump la signerait. Il avait été échaudé par un brusque revirement du président républicain sur un premier accord budgétaire. Un texte de compromis avait en effet été approuvé au Sénat en décembre, apparemment avec la garantie qu’il satisfaisait Donald Trump… jusqu’à ce que les voix indignées d’ultraconservateurs poussent le président à faire volte-face.

Or, ces mêmes commentateurs et élus ultraconservateurs n’apprécient pas du tout l’accord annoncé lundi soir. Un « compromis pourri », a fustigé le présentateur de Fox News Sean Hannity, qui a l’oreille du président. Cet accord « n’est pas une tentative sérieuse de sécuriser notre frontière ou d’arrêter le flot d’immigration illégale », a jugé pour sa part le représentant Mark Meadows, membre influent du Tea Party. Reste à voir comment Donald Trump réagira cette fois sous leurs critiques.

En plus de financements additionnels à l’origine encore incertaine, le républicain se réserve une autre porte de sortie possible. Depuis plusieurs semaines, la menace d’un recours à une procédure d’urgence exceptionnelle, pour débloquer les fonds nécessaires sans passer par le Congrès, est brandie par la Maison Blanche.