Le parquet de Paris a requis trois ans de prison, dont deux avec sursis, à l’encontre de l’ancien directeur de l’entreprise de fabrication de viandes Spanghero, mardi 12 février.

Jacques Poujol est poursuivi pour escroquerie en bande organisée et tromperies. Il est notamment soupçonné d’avoir vendu entre 2012 et 2013 plus de 500 tonnes de cheval, viande présentée comme étant du bœuf, au fabricant de plats préparés Tavola, dans une entente frauduleuse avec un négociant néerlandais, Johannès Fasen. Quatre ans de prison ont été requis contre ce dernier.

Le parquet a aussi demandé leur interdiction définitive d’exercer dans la viande en France et, pour M. Poujol, la confiscation de plus de 870 000 euros.

Dans cette affaire, « l’une des plus importantes fraudes alimentaires de ces dernières années », « la traçabilité a été méticuleusement torpillée » dans des entrepôts néerlandais puis en France chez Spanghero, a fustigé la procureure.

Traçabilité « brouillée »

Pour la représentante de l’accusation, les prévenus de ce dossier « ont organisé de concert » la fraude dans laquelle MM. Poujol et Fasen avaient un intérêt économique « tout particulier ». Selon le parquet, Johannes Fasen achetait du cheval roumain ou canadien, ensuite dépouillé de ses étiquettes dans les frigos néerlandais de son bras droit, Hendricus Windmeijer.

La viande partait ensuite pour l’ex-entreprise Spanghero à Castelnaudary (Aude), sans plus aucune mention explicite de l’espèce « cheval » ou de la provenance canadienne – synonyme de cheval – d’une partie de la marchandise.

Chez Spanghero, M. Poujol et le directeur de l’usine Patrice Monguillon « brouillaient encore plus la traçabilité », selon la magistrate, en apposant des étiquettes laissant croire que la viande était transformée sur place. Elle était enfin expédiée à Tavola étiquetée comme du bœuf, plus cher que le cheval.

La marge est « quasiment la signature de l’escroquerie »

Jacques Poujol et Johannes Fasen repoussent chacun les accusations et se renvoient la faute.

Mais pour l’accusation, la marge « tout à fait exceptionnelle » qu’ils ont réalisée « sur le dos de Tavola » constitue « quasiment la signature de l’escroquerie ».

La procureure a requis dix-huit mois de prison avec sursis contre M. Windmeijer et deux ans avec sursis et 10 000 euros d’amende contre M. Monguillon.

Selon la magistrate, il n’est pas certain que les prévenus aient réalisé « les effets catastrophiques qu’ils ont engendrés en chaîne » pour le secteur des plats cuisinés et la filière viande.