L’ex-boxeur Christophe Dettinger était jugé mercredi 13 février pour avoir frappé deux gendarmes le 5 janvier, en marge de l’acte 8 des « gilets jaunes ». / BENOIT PEYRUCQ / AFP

Les images avaient marqué. Le 5 janvier, lors de l’acte VIII des « gilets jaunes » à Paris, des vidéos montraient un homme imposant asséner une série de coups de poing à un gendarme sur une passerelle surplombant la Seine, avant de frapper un de ses collègues au sol.

Plus d’un mois après les faits, l’auteur de ces coups, Christophe Dettinger, comparaissait, mercredi 13 février, devant le tribunal correctionnel de Paris. Le procureur a requis contre lui trois ans de prison dont un an avec sursis et mise à l’épreuve.

« M. Dettinger se prépare, réajuste ses gants. Il frappe, vise la tête. Il est dans la toute-puissance. Ces scènes sont d’une violence inouïe et doivent être sanctionnées », a déclaré le représentant du ministère public, demandant son « maintien en détention ».

« J’ai honte »

Devenu un « symbole malgré lui », selon les termes d’un avocat des deux gendarmes, Christophe Dettinger a reconnu avoir commis une erreur mais expliqué tout au long d’une audience tendue son comportement par la colère, en réaction notamment, a-t-il dit, au « matraquage » de manifestants par les forces de l’ordre.

« Je suis là pour payer pour une erreur. La seule chose que je ne veux pas, c’est qu’on dise que je suis un casseur de flic, un lyncheur, un tueur », a déclaré cet ancien champion de France lourd-léger (2007-2008). « J’ai voulu empêcher une injustice et j’en ai commis une autre », a ajouté cet homme de 37 ans. « Quand je me vois taper sur un gendarme au sol, j’ai honte. »

Il avait obtenu le 9 janvier un délai pour préparer sa défense mais avait été placé en détention provisoire. Il est défendu par trois avocats, dont le très expérimenté ténor du barreau Henri Leclerc, que de vifs accrochages ont opposés à la présidente du tribunal, au procureur et aux avocats des parties civiles (outre les deux gendarmes, l’Etat et des associations de policiers et de gendarmes).

Les images de Christophe Dettinger rouant de coups de pied et de poing un gendarme à terre et boxant un de ses collègues sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, non loin de l’Assemblée nationale, ont été visionnés plusieurs fois pendant l’audience.

« On a eu beaucoup de chance »

Cet homme, qui avait participé à tous les samedis de manifestation des « Gilets jaunes » depuis le début du mouvement, a notamment dit avoir voulu venir au secours d’une femme tombée au sol et frappée par un gendarme. Cette femme de 37 ans a confirmé à la barre que le boxeur avait écarté d’elle ce gendarme.

Paradoxe, Christophe Dettinger, fonctionnaire municipal, marié et père de trois enfants, dont l’employeur, la commune d’Arpajon (Essonne), a suspendu le traitement, avait fait une demande pour entrer dans la réserve de la gendarmerie.

Christophe Dettinger, le 5 janvier 2019. / Gonzalo Fuentes / REUTERS

Rapidement identifié après les faits, il s’était rendu à la police deux jours plus tard, un délai qu’il a expliqué par la crainte de « passer un mauvais quart d’heure ».

Le seul autre témoin interrogé a été le moins blessé des deux gendarmes. « On a eu beaucoup de chance, cela aurait pu être beaucoup plus grave, notamment si l’un de nous avait été jeté par-dessus la passerelle. Avec notre équipement, il est très difficile de nager », a-t-il notamment déclaré à la barre.

Une collecte lancée pour soutenir le boxeur sur le site en ligne Leetchi avait recueilli un peu plus de 120 000 euros. Elle a suscité une polémique, le gouvernement estimant notamment que cela revenait à encourager la violence.