Dans le cadre d’une campagne de test des taux de glyphosate dans l’urine, partie de l’Ariège, quarante-cinq plaintes pour « mise en danger de la vie d’autrui » ont été déposées mercredi 13 février au tribunal de grande instance de Toulouse. « Plus il y a de plaintes, plus le dossier sera important et sérieux », a déclaré l’avocate toulousaine Claire Dujardin, venue représenter quelques plaignants.

Selon Jacques Dandelot, l’un des animateurs de la campagne toulousaine J’ai du glyphosate dans les urines et toi ?, « entre deux cents et trois cents personnes ont déposé plainte ou sont en train de déposer plainte en France » contre l’usage de cet herbicide controversé.

Lancée au printemps 2018 par le collectif des Faucheurs volontaires, la Campagne glyphosate vise à rechercher le taux de glyphosate dans les urines des citoyens et, ensuite, à porter plainte contre les fabricants et décideurs qui autorisent l’usage du glyphosate, principale substance du Roundup de Monsanto, filiale de Bayer. Selon l’association ariégeoise, les résultats des quelque 150 premières analyses sont « inquiétants » et révèlent que « la moyenne des taux de glyphosate dans les urines des plaignants est environ quinze fois supérieure au taux maximum autorisé dans l’eau potable ».

« Tromperies aggravées et atteinte à l’environnement »

Les plaintes déposées mercredi contre « toute personne » impliquée dans la diffusion de ce produit portent également sur des faits « de tromperies aggravées et atteinte à l’environnement ». Elles ont vocation à être centralisées avec les autres déjà déposées en France au pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris, a précisé Me Dujardin. Les plaignants présents au palais de justice de Toulouse, une trentaine, ont posé sur les marches du palais en brandissant chacun le taux de glyphosate retrouvé dans leurs urines.

Parmi eux, un jeune couple, Violette et Julien, affiche des taux disparates, de 0,92 nanogrammes de glyphosate par millilitre de sang pour elle et 2,08 pour lui. « On mange la même chose le soir et au petit déjeuner, mais, moi, le midi je déjeune à la cantine de mon boulot », précise Julien qui affirme se fournir le reste du temps en nourriture biologique. Pierre, 71 ans, un ingénieur agronome à la retraite, qui affiche un taux de 1,39, s’indigne d’une « contamination scandaleuse ».

Mi-janvier, le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, avait qualifié « d’inquiétante » la présence de glyphosate dans les urines des Français, rappelant que la France s’est engagée à sortir du glyphosate d’ici à 2021. Ce désherbant « à large spectre » a été classé comme « cancérogène probable » en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), dépendant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais en novembre 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) estimait « improbable » qu’il présente un danger cancérogène pour l’homme, et l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) est allée dans le même sens en 2017.

Les députés de La France insoumise ont proposé mercredi, en commission, l’interdiction totale du glyphosate au 27 novembre 2020. Une disposition contraignante qui a été rejetée et avait déjà été refusée précédemment par La République en marche lors de l’examen de la loi agriculture et alimentation, adoptée en octobre dernier.

En quoi le glyphosate pose-t-il problème ?
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