Un Syrien, soupçonné notamment de crimes contre l’humanité entre 2011 et 2013 dans son pays, a été déféré au parquet de Paris, vendredi 15 février, afin d’être présenté à un juge d’instruction en vue d’une mise en examen. Une information judiciaire a été ouverte pour « actes de torture », « crimes contre l’humanité » et « complicité de ces crimes », a annoncé le parquet.

Cet homme d’une trentaine d’années avait été arrêté en région parisienne et placé en garde à vue mardi. Le même jour, deux autres Syriens avaient aussi été interpellés à Berlin et Zweibrücken (Rhénanie-Palatinat, ouest de l’Allemagne), dans le cadre d’une opération menée par une équipe commune d’enquête de la France et de l’Allemagne.

Selon une source proche du dossier, le Syrien arrêté en France est un ancien des services de renseignement du régime de Bachar Al-Assad. Il est soupçonné d’avoir participé aux exactions commises contre les populations civiles par le régime syrien entre 2011 et 2013.

Enquête « César »

Les deux autres suspects arrêtés en Allemagne sont aussi soupçonnés d’être des membres des moukhabarat, les services de renseignement syriens, dans la région de Damas. Anwar R., 56 ans, aurait été complice de tortures commises par les services secrets syriens dans une prison. Eyad A., 42 ans, est soupçonné d’avoir participé au meurtre de deux personnes et aux tortures infligées à au moins 2 000 personnes entre juillet 2011 et janvier 2012.

Les enquêteurs s’appuient notamment sur des témoignages de victimes de ces tortures. Les deux Syriens ont, selon le parquet allemand, quitté leur pays dès 2012, avant de gagner l’Allemagne et d’y demander l’asile.

Les investigations françaises sont directement liées à l’enquête dite « César », ouverte en septembre 2015, précise le parquet de Paris. En 2014, un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré sous le pseudonyme de « César », avait révélé des photographies de corps torturés dans les prisons du régime entre 2011 et 2013. Il s’est enfui de Syrie en 2013, en emportant 55 000 photographies effroyables.

Tortures, viols et exécutions sommaires

Depuis le début du conflit en Syrie, en 2011, le régime de Bachar Al-Assad a été accusé d’atteintes aux droits de l’homme et mis en cause pour de multiples cas de tortures, viols et d’exécutions sommaires. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 60 000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons du régime et un demi-million de personnes sont passées dans ces geôles depuis 2011.

La Commission d’enquête des Nations unies (ONU) a accusé maintes fois les différentes parties en conflit en Syrie de commettre des crimes de guerre et, dans certains cas, des crimes contre l’humanité. L’ONU a notamment dénoncé le siège de cinq ans de la Ghouta orientale durant lequel la population a été affamée, mais aussi l’extermination de détenus et les violences sexuelles commises par des soldats de l’armée syrienne et des miliciens prorégime.