On aurait pu croire Ryo Saeba enterré, à jamais cantonné au panthéon des héros de manga un brin vintage. Bien au contraire : ce mois de février 2019 a remis sur le devant de la scène le personnage principal de City Hunter – aka Nicky Larson dans sa version française animée.

Au Japon, c’est un long-métrage animé, attendu depuis des années par les fans, qui fait honneur à Ryo Saeba. En France, un film de Philippe Lacheau, Nicky Larson et le parfum de Cupidon. Mais aussi la sortie en librairies de City Hunter Rebirth, un spin-off savoureux qui signe le grand retour de ce « nettoyeur » de l’ombre – plus souvent garde du corps –, obsédé sexuel notoire, gaffeur invétéré et meilleure gachette de Tokyo. Mais aussi de toute sa clique : Kaori, Falcon, Saeko, Miki… cette fois accompagnés d’une petite nouvelle.

« City Hunter rebirth » est sorti le 7 février en France. / KI-OON

C’est elle qui fait le lien entre l’œuvre initiale et ce nouveau manga, dessiné par Sokura Nishiki, qui signe aussi le scénario avec Tsukasa Hojo, le créateur de City Hunter. Les premières pages se déroulent dans le monde d’aujourd’hui, une trentaine d’années après l’âge d’or de City Hunter dans les pages du magazine Shonen Jump. Une quadragénaire nommée Kaori (tout comme la partenaire de Ryo), et fan absolue de ce manga depuis sa jeunesse, se retrouve soudain propulsée à l’intérieur de l’œuvre… Redevenue adolescente, elle fait la rencontre de Ryo et se retrouve embarquée dans les aventures de City Hunter. Problème : elle connaît l’histoire à l’avance, ce qui la place dans une position délicate. Peut-elle, et doit-elle, influencer le cours des événements ?

« Et moi, j’aurais fait quoi ? »

L’astuce scénaristique est maligne : elle permet d’inventer une nouvelle histoire, tout en se calquant sur le scénario d’il y a trente ans. De quoi combler les fans. D’abord, ceux-là ne seront pas perdus une seconde dans ce spin-off, tout à fait dans les clous de la série traditionnelle – dessin impeccable, gags hilarants, personnages touchants… Ensuite, en faisant de la figure de la fan l’héroïne de cette histoire, le manga rend un sacré hommage à ceux qui lui sont fidèles depuis trente ans. Et surtout, offre à chaque page la possibilité au lecteur de se demander « et moi, j’aurais fait quoi ? ». Cette nouvelle série s’inscrit ainsi parfaitement dans la mouvance de l’isekai, ce genre dans lequel un héros banal est propulsé dans un autre univers pour y vivre des aventures palpitantes.

Le légendaire marteau de Kaori. / KI-OON

Ce rebirth s’adresse donc avant tout aux fans, qui y retrouveront le meilleur de ce que peut offrir City Hunter, quelques années après la fin des séries Angel Heart, qui mettaient aussi en scène Ryo. En revanche, on conseillera plutôt aux curieux qui n’ont encore jamais lu un tome de City Hunter de commencer par la série initiale – si le dessin des premiers volumes a vieilli, il s’améliore très vite.

City Hunter Rebirth, de Sokura Nishiki et Tsukasa Hojo, tome I en librairies depuis le 7 février, éditions Ki-oon, 180 pages, 7,90 euros

On retrouve dans « City Hunter Rebirth » les personnages-clés de la série originale, comme Falcon. / KI-OON