Le bois pourrait à terme remplacer les matériaux de construction traditionnels. / James Boast/Ikon Images / Photononstop

Investir dans un fonds spécialisé dans les matières premières est loin d’être un fleuve tranquille. Du cuivre au soja en passant par l’or, le pétrole, le coton ou le pétrole, ces secteurs ne sont pas à la fête. En 2018, la plupart de leurs cours se sont mal comportés. Et l’exercice 2019 qui démarre n’est pas sans nuages. La volatilité du prix de nombreuses matières premières est une conséquence des tensions commerciales exacerbées entre la Chine et les Etats-Unis, les deux plus grandes économies de la planète. Non encore résolu, ce conflit se répercute également sur l’ensemble des échanges mondiaux et constitue un risque latent pour l’activité de tous les autres pays.

Il y a quelques semaines, le Fonds monétaire international (FMI) n’a pas hésité à revoir à la baisse ses prévisions 2019 concernant la croissance mondiale. Tout récemment, une autre mauvaise nouvelle a sapé le moral des opérateurs : l’annonce du ralentissement de la croissance économique de la Chine. Réputé être un gros importateur et consommateur de nombreuses matières premières, ce pays et ses achats influent sur l’évolution de ces marchés.

A ce jour, plusieurs matières premières « vedettes » sont en berne. Ainsi, le prix du pétrole a terminé l’année 2018 en fort recul. Toutefois, certains spécialistes estiment que cette tendance pourrait s’inverser. « Il y a de bonnes raisons d’être optimiste pour 2019 » avec un prix du baril qui pourrait, selon une note d’OFI Asset Managment, « retrouver des niveaux proches ou supérieurs à 100 dollars », suite à une baisse de la production.

Reflux sur le cours des matières premières

Du côté des métaux précieux, l’or, malgré des cours qui se reprennent depuis six mois, fait encore grise mine. « Les évolutions du dollar influent directement sur le cours du métal jaune. Quand le billet vert s’apprécie, l’or perd de sa valeur. Une éventuelle pause du relèvement des taux d’intérêt par la Fed pourrait être, en 2019, un catalyseur positif et faire grimper les cours », avance Arnaud du Plessis, gérant actions thématiques et spécialistes des ressources naturelles chez CPR Asset Management.

Publié fin janvier, le rapport de l’institut Cyclope, prévoit pour cette année, un reflux général du cours des matières premières. Autant dire que de nouvelles turbulences dans ce secteur sont à venir sur toutes les bourses mondiales. Après avoir abandonné 7,5 % au cours des douze derniers mois, l’indice Bloomberg des « Commodity » qui agrège les cours des grandes matières premières, a depuis janvier gagné un peu plus de 4 %. Pour les investisseurs ayant le goût du risque, la situation actuelle pourrait être une fenêtre de tir intéressante. « Pour certains titres réputés cycliques, on se situe sur des niveaux de valorisation attractifs qui peuvent aujourd’hui constituer un bon socle pour entrer sur le marché », explique un analyste financier.

Les fonds communs de placement (FCP) et sicav spécialisés sur les matières premières, offrent aux particuliers la possibilité de choisir des spécialités et des expositions différentes. Il existe des fonds dits « mono thématique » qui ne parient que sur un seul marché (pétrole, or, blé,…). « Les perspectives de rendement et les niveaux de risque varient d’une matière première à l’autre », reconnaît Arnaud du Plessis.

La forêt, un secteur d’avenir

On trouve parfois des thématiques de niche. Ainsi, le fonds Pictet-Timber mise sur la ressource naturelle qu’est la forêt. Le gestionnaire de ce fonds investit dans des titres de sociétés d’exploitation et d’entreprises spécialisées dans la transformation de cette matière première. « Le bois pourrait à terme remplacer les matériaux de construction traditionnels. Il n’en reste pas moins que cette industrie est dépendante des évolutions du cours du dollar », commente Xavier Thiard, directeur général de Picter Asset Management.

Il existe également d’autres fonds plus généralistes qui « mélangent les métaux précieux et industriels, les matériaux de construction, l’énergie et les ressources naturelles », souligne Nitesh Shah, directeur de recherche chez WisdomTree Europe. « Nos fonds affichent des pondérations différentes : par exemple 50 % en énergie et 50 % en matériaux ou un tiers d’énergie, un tiers de matériaux et un tiers de métaux précieux », détaille Arnaud du Plessis.

Alternatifs et potentiellement dynamiques, ces investissements apportent une touche de diversification nécessaire à un patrimoine, mais ils ne doivent pas peser plus de 5 à 10 % d’un portefeuille et sont à détenir sur une longue période.