C’est une première en France dans la traque des responsables d’exactions attribuées au régime de Bachar Al-Assad. Un Syrien arrêté en région parisienne a été mis en examen vendredi 15 février et écroué pour « complicité de crimes contre l’humanité », a appris l’AFP de source judiciaire.

Interpellé mardi, Abdulhamid A., né en 1988, est soupçonné d’avoir participé aux exactions commises contre les populations civiles par le régime syrien entre 2011 et 2013, alors qu’il était membre des services de renseignement, selon une source proche du dossier.

Enquête « César »

Parallèlement, deux autres Syriens ont été arrêtés en Allemagne, dans le cadre d’une équipe commune d’enquête entre la France et l’Allemagne.

L’enquête française, qui vise des actes commis en Syrie entre mars 2011 et 2013, est directement liée à l’enquête dite « César », ouverte en septembre 2015, précise le parquet de Paris. En 2014, un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré sous le pseudonyme de « César », avait révélé des photographies de corps torturés et suppliciés dans les prisons du régime entre 2011 et 2013. Il s’est enfui de Syrie en 2013, en emportant 55 000 photographies effroyables.

Les deux suspects arrêtés en Allemagne sont d’anciens membres des services de renseignement du régime de Bachar Al-Assad dans la région de Damas. Ils sont soupçonnés de crimes contre l’humanité en 2011 et 2012 sur des opposants au régime, a précisé le parquet fédéral de Karlsruhe.

Au moins 60 000 morts sous la torture

Depuis le début en 2011 du conflit en Syrie, le régime de Bachar Al-Assad a été accusé d’atteintes aux droits de l’homme et mis en cause pour de multiples cas de tortures, viols et exécutions sommaires.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 60 000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons du régime et un demi-million de personnes sont passées par ces geôles depuis 2011. La commission d’enquête de l’ONU a accusé maintes fois les parties en conflit de commettre des crimes de guerre, et, dans certains cas, des crimes contre l’humanité.