Alexandre Benalla (au milieu) arrive au Sénat à Paris, le 21 janvier 2019, pour assister à une audition des sénateurs de la Chambre haute, encadré par les sénateurs Philippe Bas (à gauche) et Jean-Pierre Sueur. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

Au terme de près de sept mois de travaux, la commission d’enquête sénatoriale sur l’affaire Benalla dévoilera mercredi 20 février ses conclusions. Le rapport, très attendu du fait des innombrables rebondissements intervenus au cours de cette affaire, sera présenté à la presse à 11 heures par les deux corapporteurs Jean-Pierre Sueur (PS) et Muriel Jourda (LR), précise la commission des lois dans un communiqué publié lundi.

La commission d’enquête avait été déclenchée après que Le Monde eut révélé en juillet 2018 que l’ex-chargé de mission de l’Elysée avait frappé des manifestants à Paris, le 1er mai de cette même année.

Quatre jours après nos révélations, il était mis en examen, notamment pour « violences en réunion n’ayant pas entraîné d’incapacité temporaire de travail » et « port et complicité de port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique ». En janvier 2019 s’est ajoutée une mise en examen pour utilisation abusive de passeports diplomatiques après son licenciement. Et depuis, le Parquet national financier a ouvert une enquête sur un contrat signé avec un sulfureux oligarque russe.

C’est en parallèle de ces développements judiciaires, à chaque fois déclenchés par des révélations de presse, que la commission des lois a conduit ses investigations. Veillant à ne pas interférer avec la justice, celle-ci revendique une stricte observation de son cahier des charges, comme l’a maintes fois martelé le président de la commission des lois, Philippe Bas :

« Pour nous, l’essentiel, c’est d’abord de faire la vérité sur le fonctionnement de l’Etat dans cette affaire. »

La commission a également prévu de faire « des recommandations » pour que les « défaillances dans le fonctionnement de l’Etat » qui ont pu apparaître « ne se reproduisent pas ».

« Parjure »

Au total, la commission d’enquête sénatoriale aura procédé à plus de 30 auditions. Alexandre Benalla lui-même, de même que son acolyte Vincent Crase, un ex-employé de La République en marche et chef d’escadron dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie, sont passés deux fois sur le gril sénatorial. De même que Patrick Strzoda, directeur de cabinet du président de la République.

Deux ministres de l’intérieur ont été auditionnés : Gérard Collomb, en juillet, puis son successeur, Christophe Castaner, en janvier. Le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, également, mais aussi le chef de cabinet d’Emmanuel Macron, François-Xavier Lauch, le général Eric Bio-Farina, commandant militaire de l’Elysée, Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée…

Mais certaines de ces auditions pourraient avoir de nouvelles conséquences judiciaires. Plusieurs sénateurs ont ainsi affirmé qu’Alexandre Benalla avait menti devant la commission, alors même qu’il avait prêté serment. « Qu’il y ait eu parjure, c’est une évidence », a affirmé jeudi le patron des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau.

Si le mensonge est avéré aux yeux de la commission d’enquête, celle-ci pourrait donc aussi signaler à la justice ses soupçons de faux témoignages. En novembre, l’association Anticor avait d’ailleurs déjà écrit à M. Bas, pointant des « faux témoignages » de plusieurs personnalités entendues.

L’exécutif amer

Pour autant, le président de la commission comme ses rapporteurs ont toujours réfuté toute dimension politique à leurs travaux. « On n’a rien contre personne, on fait notre boulot objectivement », assurait encore récemment M. Sueur.

Très critique vis-à-vis de la commission à l’automne lors de la première audition d’Alexandre Benalla, l’exécutif a depuis changé de ton, s’attachant à démontrer que l’ancien chargé de mission n’était pas « protégé ». « Il y a eu des dysfonctionnements et il faut les régler », déclarait en janvier le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. « Je souhaite que ces épisodes d’une grande tristesse s’arrêtent rapidement », a-t-il encore affirmé dimanche, confiant « un sentiment d’amertume ».

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L’affaire Benalla résumée en 5 minutes
Durée : 05:31