Le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki (à gauche), et le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à Varsovie, en Pologne, le 14 février. / MICHAEL SOHN / AP

Les tensions ne retombent pas entre la Pologne et Israël. Varsovie a décidé, lundi 18 février, d’annuler sa participation au sommet des pays d’Europe centrale prévu mardi en Israël, à la suite des accusations d’antisémitisme lancées par le nouveau chef de la diplomatie israélienne.

« Les paroles du ministre des affaires étrangères israélien sont racistes et inacceptables », a expliqué le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki :

« Nous attendons une réaction ferme aux paroles impardonnables et simplement racistes du nouveau ministre des affaires étrangères d’Israël. C’est quelque chose qui ne peut pas être laissé sans réaction. »

Le tout nouveau chef de la diplomatie de l’Etat hébreu, Israël Katz, avait dit dimanche à la chaîne internationale basée en Israël i24 News que « de nombreux Polonais avaient collaboré avec les nazis et, comme l’a dit [l’ancien premier ministre israélien] Yitzhak Shamir, “les Polonais sucent l’antisémitisme avec le lait de leur mère” ».

Sommet annulé

A la suite de cette décision de la part de la Pologne, le sommet prévu des quatre pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque) est annulé et sera remplacé par des « discussions bilatérales », a annoncé le premier ministre tchèque, Andrej Babis. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères israélien, Emmanuel Nahshon, a confirmé qu’il n’y aurait pas de sommet complet, précisant toutefois que les trois premiers ministres hongrois, slovaque et tchèque étaient toujours attendus en Israël.

Ce regain de tension entre la Pologne et Israël survient après un premier problème survenu la semaine dernière à propos de déclarations de Benyamin Nétanyahou citées dans la presse de son pays et portant sur le rôle des Polonais dans la Shoah. Mais le premier ministre israélien avait assuré vendredi que la presse de son pays avait déformé ses propos.

En effet, des journalistes israéliens avaient accompagné à Varsovie mercredi et jeudi pour une conférence sur le Moyen-Orient M. Netanyahou. « Je dis que des Polonais ont collaboré avec les nazis et je ne connais personne qui a été poursuivi pour une telle déclaration », aurait alors déclaré Benyamin Nétanyahou. Les services du premier ministre ont fait savoir que M. Nétanyahou avait « parlé de Polonais, et non pas du peuple polonais ou de la Pologne ». Mais le mal était fait du côté de Varsovie, qui a vivement réagi à ces propos.

Cette nouvelle tension dans les relations entre la Pologne et Israël suit une importante crise survenue l’année dernière en raison d’une loi polonaise controversée, perçue en Israël et aux Etats-Unis comme une tentative implicite d’empêcher les survivants de la Shoah d’évoquer les crimes de Polonais à leur égard. La Pologne a fini par amender cette loi, destinée, dans son optique, à défendre l’image du pays et des Polonais pendant la seconde guerre mondiale, et les deux pays avaient annoncé une relance de leurs relations.

Cette nouvelle tension pourrait bien remettre en question le rapprochement. Les commentateurs polonais ont toutefois souligné que les déclarations israéliennes étaient faites dans un contexte de campagne électorale dans l’Etat hébreu.