Theresa May et Jean-Claude Juncker à Bruxelles, le 11 décembre 2018. / Yves Herman / REUTERS

Une nouvelle tentative de dialogue. La première ministre britannique, Theresa May, est de retour à Bruxelles mercredi 20 février, où elle espère obtenir des modifications de l’accord sur le Brexit, que son Parlement a massivement rejeté un mois plus tôt.

Elle doit s’entretenir à 18 h 30 avec le président de la Commission, Jean-Claude Juncker. Mais ce dernier a douché mardi tout espoir d’avancée et a prévenu : « Nous aurons une discussion amicale, mais je n’attends pas de percée. » Aucune rencontre n’est prévue avec le président du Conseil européen, Donald Tusk. Celui-ci avait choqué au Royaume-Uni en promettant, début février, une « place spéciale en enfer » pour ceux qui avaient promu le Brexit sans plan pour le réaliser.

Toujours aucune solution autour du « backstop »

A moins de six semaines de la date officielle du divorce, prévue le 29 mars, la crainte d’une rupture sans accord (no deal) se renforce, faute de solution à la question du backstop (filet de sécurité).

Cette disposition a été introduite dans l’accord de retrait en tant que solution de dernier recours destinée à empêcher le retour à une frontière physique sur l’île d’Irlande pour préserver les accords de paix de 1998. Elle prévoit que le Royaume-Uni resterait dans une union douanière avec l’Union européenne (UE), et la province britannique d’Irlande du Nord dans le marché unique pour les biens, afin d’éviter des contrôles douaniers et réglementaires physiques, si aucune autre solution n’était trouvée au cours des négociations sur les futures relations entre Londres et l’UE.

Theresa May réclame des « changements contraignants » de ce dispositif, rejeté en bloc par les partisans du Brexit. Elle espère ensuite obtenir un feu vert de ses parlementaires au traité de divorce, après le rejet cinglant essuyé en janvier.

Au Royaume-Uni, les partisans d’une rupture nette avec l’UE y voient un « piège » qui risque de garder leur pays arrimé éternellement au bloc continental. Mme May cherche donc à les rassurer en obtenant des garanties de Bruxelles sur le caractère conditionnel et temporaire de cette mesure qu’elle avait acceptée.

« Que Theresa May vienne avec des propositions »

Mais le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, « a réitéré que les Vingt-Sept ne rouvriraient pas le traité de retrait » négocié avec Mme May, a prévenu mardi le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas. Les Européens ne peuvent « pas accepter de donner une limite dans le temps au backstop, ni de clause de sortie unilatérale » de ce dispositif, a-t-il poursuivi.

L’UE est, en revanche, prête à « retravailler » la déclaration politique qui accompagnera le traité de retrait, dont l’objectif est de tracer les grandes lignes de la relation que veulent bâtir les deux parties après leur divorce.

« Nous attendons que Theresa May vienne avec des propositions précises après nous avoir dit qu’elle avait des choses à nous dire », a lancé mardi à Bruxelles la ministre française des affaires européennes, Nathalie Loiseau. Dans une interview au Monde parue lundi, la ministre précisait :

« Les Britanniques nous ont dit ce qu’ils ne voulaient pas, mais ils ne nous ont jamais vraiment dit ce qu’ils voulaient. Ils ne veulent ni de l’UE ni de l’union douanière ; le Parlement [britannique] ne veut ni d’une absence d’accord ni du filet de sécurité irlandais, alors que c’était une proposition britannique, pas européenne ! Nous attendons que les autorités britanniques reviennent vers nous avec une position acceptable et soutenue par une majorité. »

La crainte du « no deal »

Mme May « n’a pas donné de signal qu’elle voulait un report du Brexit » au-delà du 29 mars, a ajouté Mme Loiseau mardi, insistant sur le fait qu’il y aurait des conditions posées par l’UE si un tel report était demandé par Londres.

« Une prolongation n’aurait de sens que s’il y avait de nouvelles idées substantielles sur la table », a renchéri son homologue allemand Michael Roth, appelant lui aussi « urgemment à des propositions réalistes » de Londres.

Britanniques et Européens disent vouloir éviter un no deal, source d’incertitudes du côté de l’UE et aux effets potentiellement dévastateurs pour l’économie du Royaume-Uni, où les annonces de fermetures d’usine ou relocalisations d’entreprises se multiplient depuis plusieurs mois.