Shamima Begum, sur une photo datant de février 2015 présentée à un journaliste de l’AFP par sa sœur, Renu Begum, à Londres, le 14 février. / LAURA LEAN / AFP

La jeune Shamima Begum, partie rejoindre le groupe Etat islamique en Syrie en 2015 et s’y trouvant actuellement dans un camp de réfugiés, a été finalement déchue de sa nationalité britannique. La décision du ministre de l’intérieur conservateur, Sajid Javid, a été notifiée dans une lettre reçue par sa famille mardi.

« Le ministre de l’intérieur a clairement affirmé que sa priorité était la sécurité du Royaume-Uni et de sa population », a souligné un porte-parole dans un communiqué, expliquant que la jeune Britannique pouvait obtenir une autre nationalité. La famille de la jeune femme a annoncé examiner « toutes les voies légales pour contester cette décision », qui peut faire l’objet d’un appel.

« Injuste pour moi et mon fils »

« Je ne sais pas quoi dire », a réagi Shamima Begum, sur la chaîne ITV. « Je suis un peu sous le choc. C’est un peu bouleversant et frustrant. Je trouve que c’est un peu injuste pour moi et mon fils », né il y a quelques jours. « D’autres personnes sont renvoyées au Royaume-Uni, je ne vois pas en quoi mon cas est différent », a ajouté Shamima Begum. « Est-ce simplement parce qu’il a été médiatisé ? » Le cas de la jeune femme a défrayé la chronique ces derniers jours au Royaume-Uni, en raison de son absence de regret pour avoir soutenu le djihad.

L’avocat de sa famille a affirmé mercredi à l’agence britannique Press Association que Shamima Begum, d’origine bangladaise par ses parents, était née au Royaume-Uni, ne disposait pas de la double nationalité, et n’avait jamais eu de passeport bangladais. La jeune femme a expliqué réfléchir à demander la nationalité néerlandaise, son mari étant originaire des Pays-Bas. Ce dernier a été fait prisonnier par les Forces démocratiques syriennes (FDS).

Londres a le pouvoir de déchoir un citoyen de sa nationalité s’il estime que cela relève de « l’intérêt général » et à condition que cela ne le rende pas apatride, conformément à la convention de New York du 30 août 1961, qu’il a ratifiée. Shamima Begum, qui se trouve actuellement dans le camp de réfugiés d’Al-Hawl, dans le nord-est de la Syrie, avait annoncé la semaine dernière son intention de rentrer au Royaume-Uni. Ses deux précédents enfants, nés après son départ vers la Syrie, sont morts de maladie et de malnutrition.