L’affaire Ascoval n’est toujours pas refermée. Et l’inquiétude renaît. Mercredi 20 février, le ministère de l’économie a laissé fuiter l’information à l’AFP. Altifort, le repreneur de l’aciérie Ascoval, n’a toujours pas versé les quelque 35 millions d’euros qu’il avait promis pour financer la relance du site de Saint-Saulve (Nord). Altifort « a trompé tout le monde », peste-t-on au cabinet de Bruno Le Maire.

« Altifort nous a confirmé qu’il ne pourrait verser aucun des fonds sur lesquels il s’était engagé, ni les 10 millions de fonds propres, ni les 25 millions de levées de fonds », a précisé une source au cabinet du ministre de l’économie. Selon nos informations, une nouvelle audience de la chambre commerciale du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg devrait se tenir, le 27 février, avec Altifort et l’administrateur judiciaire, afin de vérifier l’incapacité du repreneur d’investir les fonds promis.

« Soit il présente les fonds prévus lors de la reprise, soit la procédure sera déclarée résolue et la recherche d’un repreneur à l’aciérie sera relancée », explique un bon connaisseur du dossier. Comment en est-on arrivé là, alors que Bart Gruyaert, le cofondateur d’Ascoval, assurait encore, courant janvier, que son groupe, composé d’une douzaine de PME, avait les reins assez solides pour reprendre l’aciérie et lui trouver des clients après le départ de Vallourec ?

« C’est rageant »

Selon nos informations, le groupe a subi une dégradation de sa « note » de la Banque de France. Cette note qualifie le niveau de confiance que l’on peut avoir dans les capacités de financement de l’entreprise. Dès lors, les fournisseurs d’Altifort ont exigé d’être payés dès le passage des commandes. En clair, la trésorerie du groupe, qui était encore très étoffée à l’automne selon plusieurs sources, est en train de réduire à vue d’œil, ce qui met à risque la pérennité de l’ensemble de l’entreprise.

Dans ces conditions, le groupe est dans l’incapacité de mobiliser 10 millions d’euros pour Ascoval, et de lever les 25 millions en obligations. Et, sans financement privé, ni l’Etat, ni la région Hauts-de-France, ni l’agglomération de Valencienne, ne sont en capacité de débloquer leurs financements.

« C’est d’autant plus rageant, note un observateur, que l’aciérie est en train de trouver des clients. Des petits faiseurs sont venus, mais également un gros client qui était en approche. » Jeudi, ni les cofondateurs d’Altifort, ni la direction de l’usine n’avaient répondu aux sollicitations du Monde.

Un coup dur pour les quelque 281 salariés d’Ascoval, même si, dans l’immédiat, les opérations devraient se poursuivre. En cas d’absence de repreneur, une fiducie, dotée de 12 millions d’euros, est toujours disponible pour couvrir un éventuel plan de sauvegarde de l’emploi.