Avant ses débuts en Bleus, Théo Maledon a été sélectionné, à la fin de décembre, pour le All Star Game du championnat de France. / LUCAS BARIOULET / AFP

Il a grandi dans la banlieue de Rouen, est passé par le pôle Espoirs de Haute-Normandie, le Centre fédéral à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), et a explosé en championnat de France avant même sa majorité. Deux joueurs de basket répondent à ce portrait. Le premier, Tony Parker, pèse quatre titres NBA, a mené les Bleus à la victoire au championnat d’Europe en 2013 et est considéré comme le meilleur joueur de l’histoire du basket français. Le second, Théo Maledon, évolue dans le club présidé par « TP », l’Asvel, et étrennera, jeudi 21 février à Espoo (Finlande), sa première cape en équipe de France. A 17 ans et huit mois.

Phénomène de précocité, le champion d’Europe des moins de 16 ans (en 2017) et vice-champion du monde des moins de 17 ans (en 2018) précède Tony Parker ou Antoine Rigaudeau, qui ont attendu leur majorité pour endosser le maillot bleu. « Représenter son pays, c’est vraiment un honneur », souffle le jeune homme, qui s’est intégré sans peine dans le groupe bleu – composé il est vrai de nombreux néophytes (hormis Andrew Albicy, aux 44 sélections, aucun joueur ne dépasse les dix capes).

Déjà invité lors de la précédente fenêtre internationale – avec un autre grand espoir, Sekou Doumbouya – à s’entraîner avec les Bleus, le Normand va désormais revêtir le maillot bleu. Et prendre date avec l’avenir. « L’intérêt de cette fenêtre internationale, c’est de pouvoir tester des joueurs et de pouvoir les mettre vraiment en situation de jeu », assume Vincent Collet. Comme tous ses collègues, le sélectionneur français compose avec un calendrier international leur faisant disputer les qualifications à la Coupe du monde (en septembre 2019, en Chine) sans leurs cadres évoluant en NBA ou Euroleague, les meilleures ligues du monde, faute d’accord sur avec elles.

La NBA suit avec attention sa progression

Pour autant, Maledon (prononcez Malédon) n’usurpe pas sa place. Le jeune homme a laissé une « très bonne impression » à Vincent Collet. « Il est très à l’aise et on sent que de mois en mois, il prend confiance et gagne en maturité. » Cette progression fulgurante n’étonne pas Bruno Suares, son formateur au pôle Espoirs de Haute-Normandie. L’entraîneur normand a vu apparaître ce « petit phénomène qui dominait largement sa catégorie d’âge à moins de 11 ans », et l’a suivi depuis, marqué par « sa capacité à voir le jeu plus vite que les autres ».

A la différence de Tony Parker, dont le jeu reposait sur son explosivité, Maledon n’est pas un monstre physique, mais « comprend avant tout le monde ce qu’il faut faire », souligne Bruno Suares. Des qualités déjà remarquées par des recruteurs de la NBA, qui suivent avec attention la progression du jeune homme – qui peut prétendre à la draft 2020.

Interrogés en novembre par le site de la NBA, les partenaires – à Charlotte et dans l’actionnariat de l’Asvel – Tony Parker et Nicolas Batum n’ont pas tari d’éloges à l’égard du gamin. Pour « TP », Maledon « est meilleur que Frank Ntilikina [qui évolue aux New York Knicks] au même âge, et figurera un jour parmi les 15 premiers de la draft de la NBA. »

Plus encore que l’ancien Strasbourgeois, meneur de grande taille comme lui, Théo Maledon (1,92 m) s’est déjà imposé dans la rotation de l’un des meilleurs clubs de France. A l’Asvel, il joue près de dix-sept minutes (pour 7,2 points) par match, et émerveille par sa précocité. « Lorsque les jeunes travaillent bien, ils méritent leur temps de jeu », assure l’entraîneur de la grosse cylindrée lyonnaise, Zvezdan Mitrovic, à L’Equipe.

« Lorsque vous rencontrez un gars comme lui, jeune et avec beaucoup de potentiel, nous voulons le faire entrer sur le terrain tout de suite, explique Nicolas Batum. Il peut faire toutes les erreurs et en tirer les leçons dès maintenant. Nous voulons le mettre dans la meilleure position pour avoir la meilleure carrière possible. »

Sélectionné pour la Coupe du monde ?

Relais de l’entraîneur sur le terrain, le meneur de jeu doit diriger ses partenaires, et Théo Maledon, peu disert, a dû « apprendre à être plus vocal », explique Bruno Suares. Discret, sinon intimidé par les quelques micros tendus devant lui mardi à l’entraînement de l’équipe de France, le bizuth évacue la comparaison avec Parker et Ntilikina, qui « n’ont pas le même jeu » que lui. D’une maturité ayant même bluffé Patrick Beesley, le manageur général des Bleus, qui a assisté aux débuts en bleu de la génération Parker, le jeune meneur ne semble pas sensible à cette émotion.

Maledon a un plan de carrière en tête. Mais n’essayez pas de lui faire dévoiler, le garçon ne vous dira rien de plus que « clairement, ça passe par la NBA ». Alors que Tony Parker était capable au même âge de dérouler sa carrière à venir – plan qu’il a ensuite appliqué à la lettre –, Maledon reste plus discret. Mais pas timide. Pour Vincent Collet, il présente même « plus d’assurance » que Franck Ntilikina au même âge (qui évoluait sous ses ordres à Strasbourg). « Théo n’est pas seulement respectueux des anciens, il est aussi capable de s’affirmer et de prendre des initiatives, davantage que Frank. »

Si ces deux dernières rencontres des qualifications à la Coupe du monde n’offriront pas de sésame pour la Chine à Théo Malédon – de nombreux joueurs seront de retour en bleu à l’été –, le sélectionneur ne s’interdit pas de lui donner à nouveau sa chance. « Pourquoi d’autorité dire que c’est pour 2020 ou 2021 ? La saison n’est pas terminée, on voit qu’il progresse en permanence », glisse Vincent Collet. Habitué à brûler les étapes, Théo Maledon n’y « pense pas encore ». Mais est conscient que ses premiers pas en Bleu pourraient accélérer encore sa fulgurante entame de carrière.

Finlande-France, jeudi 21 février, à 18 heures (sur Canal+ Sport)