Twitter peut faire ou défaire un avenir politique. Pour Emmanuelle Gave, qui affirmait qu’elle serait en « position éligible » sur la liste du parti souverainiste Debout la France (DLF) aux élections européennes de mai, le couperet est tombé mercredi 20 février au soir. Mais la candidature de l’ancienne avocate a finalement été rejetée, après la publication par l’émission « Quotidien » de messages controversés sur les réseaux sociaux.

« A la lumière des nouveaux éléments révélés ce soir par l’émission Quotidien sur TMC et dont nous n’avions pas connaissance avant ce jour, le mouvement Debout La France (…) indique que la candidature d’Emmanuelle Gave ne sera pas validée par la commission d’investiture pour être sur la liste des élections européennes », a écrit dans un communiqué le président de cette commission, Frédéric Mortier.

Emmanuelle Gave « a de fortes chances d’être sur ma liste », avait pourtant assuré, jeudi, à l’Agence France-Presse (AFP), le président du parti, et député de l’Essonne, Nicolas Dupont-Aignan.

Elle avait tweeté, en juillet 2018, qu’elle « trouve qu’il y a beaucoup trop de Noirs dans les courses de 100 m ». Sur Twitter, toujours, elle se demandait, en mai de la même année, si la liberté d’expression devait « pouvoir s’étendre à la réfutation de la Shoah ». Dans un autre message sur son compte Facebook – qui était public –, elle a aussi écrit que « les musulmanes sont quasiment inemployables en tant qu’employées de maison ou nanny ».

Un tweet datant du 30 juillet 2018.

Emmanuelle Gave a assuré au journaliste de « Quotidien » qu’elle n’était « absolument pas raciste » et qu’elle avait « eu tort sur ce coup-là », tout en précisant qu’elle avait « une nounou algérienne qui [lui] a fait les pires problèmes de la terre ».

« Evidemment quand on met tout bout à bout, on finit par se dire : Mais enfin c’est quoi cette fille, elle serait raciste, antisémite ».

10 000 tweets et retweets effacés

Après que L’Opinion eut récemment révélé que son père, le financier Charles Gave, allait apporter près de 2 millions d’euros à la campagne de M. Dupont-Aignan, elle avait fait effacer quelque 10 000 tweets et retweets par une société spécialisée.

Considérant Twitter comme son « salon », elle défend dans le reportage de TMC ne rien avoir à cacher. Et pourtant, elle avoue : « mais j’ai tout supprimé parce que j’ai été prise de panique dans la nuit de lundi à mardi. »

Son père, partisan de la théorie controversée du « grand remplacement » de la population européenne par une population immigrée, et très critique à l’encontre du milliardaire américain George Soros, avait déclaré à l’AFP qu’il « figurait » aussi sur la liste, en position non éligible, ce qui lui permet de contribuer sans plafond à la campagne.

Comme le rappelle l’émission « Quotidien », il s’est illustré par une conception machiste des femmes, revendiquant notamment « le droit de [leur] mettre la main aux fesses ».