Galaxy Fold: Unveiling
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Depuis San Francisco, Samsung a donné des détails sur son futur mobile pliable dans la soirée du 20 février. Les images promotionnelles dévoilées au cours de la conférence de presse montrent un smartphone doté d’un petit écran 4,6 pouces étonnamment étroit et inhabituellement épais. Mais ce mobile s’ouvre comme un livre pour révéler en son sein un second écran, bien plus vaste, qui s’approche de la surface d’une tablette de type iPad Mini. Une fois déplié, cet écran complètement plat n’est perturbé par aucun pli.

Les belles images promotionnelles de Samsung ne dispensent pas de s’interroger sur l’intérêt d’un écran de cette taille : le Galaxy Fold sera-t-il plus efficace pour travailler qu’un smartphone classique ? Sera-t-il plus agréable pour surfer sur Internet, parcourir les réseaux sociaux, jouer, regarder des vidéos ?

Il est trop tôt pour répondre définitivement à ces interrogations, puisque aucun journaliste n’a pu poser les mains sur le prototype de Samsung. Mais on peut commencer à y réfléchir, car une information cruciale nous est déjà dévoilée : la taille de l’écran du Galaxy Fold, qui une fois déplié, mesure 7,3 pouces. On peut donc risquer une comparaison avec un smartphone de 6 pouces, la taille d’écran médiane en 2018.

Avec une surface de 155 cm², l’écran du Galaxy Fold est plus proche de celui d’un iPad mini (193 cm²) que d’un smartphone 6 pouces (93 cm²). / QUENTIN HUGON / « LE MONDE »

L’écran déplié du Galaxy Fold offre donc 65 % de surface d’affichage supplémentaire. A quoi pourrait bien servir cet espace gagné ?

Photos : nettement plus agréable

Comparativement à l’écran de notre smartphone de 6 pouces, celui du Galaxy Fold mesurera 3,7 centimètres de largeur en plus. Les photos apparaîtront nettement plus grandes, leur surface devrait doubler. On prendra probablement plus de plaisir à parcourir les sites d’information richement illustrés, ou des réseaux sociaux.

Sur l’écran pliable du Samsung, les images du Galaxy Fold seront plus lisibles et plus spectaculaires que sur un smarptphone classique. Ce constat est valable lorsqu’on tient le mobile bien droit, mais aussi quand on le bascule en mode paysage. / QUENTIN HUGON / « LE MONDE »

Texte : parfois plus lisible

Dans la plupart des cas, il faut s’attendre à une faible différence. Les sites Internet modernes sont conçus pour afficher leurs caractères dans une taille lisible, peu importe la largeur de l’écran, quitte à afficher moins de mots par ligne. La taille des caractères ne variera donc pas autant qu’on pourrait s’y attendre.

En revanche, quand on s’aventurera sur un vieux site Internet conçu exclusivement pour les écrans d’ordinateur, la différence sera probablement spectaculaire : les caractères devraient s’afficher dans une taille nettement moins minuscule. Même chose lorsqu’on ouvrira la version numérique d’un magazine, normalement imprimé en A4 : il sera plus agréable à consulter.

Sur l’écran du Galaxy Fold, les pages Web ressembleront probablement à une page de livre, alors qu’elles ressemblent davantage à une colonne de journal sur un smartphone classique. Mais les lignes élargies ne sont pas forcément plus lisibles que les lignes étroites. / QUENTIN HUGON / « LE MONDE »

Vidéos et jeux : souvent plus immersifs

La majorité des séries et des programmes télé sont tournés au format 16/9e, ils profiteront beaucoup du grand écran du Galaxy Fold, qui devrait faire gagner presque 50 % de surface d’affichage, y compris en mode paysage, quand on bascule le smartphone sur le côté. Ces vidéos devraient être plus spectaculaires, plus immersives, plus lisibles.

La plupart des vidéos paraîtront plus riches de détails et plus spectaculaires sur le Galaxy Fold que sur un smartphone 6 pouces ordinaire. / QUENTIN HUGON / « LE MONDE »

Mais toutes les vidéos ne sont pas tournées en 16/9e : les films à gros budget affichent généralement un format un peu plus large, comme certaines séries produites par Netflix et d’autres grands groupes spécialistes de la VOD. Sur ce type de vidéos, l’écart devrait être quasi négligeable – à peine 15 % en mode paysage.

Quid des jeux ? S’ils peuvent s’adapter au format d’écran du Galaxy Fold, ils occuperont alors toute sa surface. L’écart avec un smartphone 6 pouces classique sera spectaculaire : presque 65 % de surface supplémentaire. Mais une question se pose : tous les jeux seront-ils capables de s’afficher en plein écran sur le Galaxy Fold ? Son écran a des proportions éloignées du classique 16/9e, avec un ratio exotique de 4,2/3 assez proche des 4/3 de l’iPad.

Documents : enfin lisibles

C’est ici que la différence s’annonce la plus spectaculaire : lorsqu’on consulte des textes ou des tableaux conçus sur ordinateur avec LibreOffice, Microsoft Office ou autre. Les documents rédigés en A4 avec une police 11 deviennent presque illisibles quand on essaye de les afficher sur un smartphone 6 pouces : les caractères sont réduits au point de mesurer l’équivalent d’une police taille 4. En revanche, sur le smartphone pliable Samsung, ces caractères ne se réduisent, en théorie, qu’en corps 6, et demeurent lisibles quand on les regarde de près.

En mode portrait, les pages A4 seront beaucoup plus lisibles sur le Galaxy Fold que sur un mobile ordinaire. Bien sûr, on peut basculer l’écran du smartphone 6 pouces en mode paysage pour agrandir les caractères du document A4, mais le texte s’affiche sur sept petits centimètres de hauteur, ce qui est désagréable. / QUENTIN HUGON / « LE MONDE »

Applications : parfois pratique, parfois moins

Beaucoup d’applications n’ont pas besoin d’une surface accrue, tels l’horloge ou l’enregistreur audio. Un écran plus grand pourrait même ralentir leur usage : les doigts devront parcourir une distance plus grande pour un confort inférieur. Mais quelques applications gagneraient à intégrer un volet supplémentaire. Par exemple, si l’on pouvait afficher, à côté d’un calendrier du jour, la liste des jours de la semaine, cela pourrait aider. En outre, les experts du smartphone apprécieraient de pouvoir placer deux applications côte à côte en grande taille, voire trois.

Dans une application de discussion, il serait par exemple pratique de pouvoir afficher la liste des correspondants sur la gauche pour les retrouver plus vite. / QUENTIN HUGON / « LE MONDE »

Autre question délicate : les applications passeront-elles de manière fluide du mode fermé, sur le petit écran frontal, au mode ouvert, sur le grand écran central ? Sur scène, Samsung a montré le passage de Google Maps du petit écran au grand afficheur, qui s’est montrée très fluide. Mais toutes les applications prévues pour des smartphones à un seul écran en seront-elles capables ?

En conclusion : un futur encore incertain

En théorie, le Galaxy Fold a le pouvoir de rendre nos smartphones plus agréables pour se divertir, en élargissant beaucoup les images, les jeux et les vidéos. Côté travail cependant, il faudra le prendre en main pour pouvoir se prononcer.

Reste à savoir si ce smartphone futuriste sera mûr à sa sortie le 26 avril. Parmi les questions qui planent, certaines se posent avec beaucoup d’insistance : l’écran interne du Fold, qui n’est pas recouvert d’une épaisse couche de verre, sera-t-il suffisamment solide ? Les applications du Galaxy Fold seront-elles parfaitement adaptées à son écran au format assez particulier ? Ou au contraire, faudra-t-il patienter longuement pour que toutes s’y plient, y compris celles qui n’ont pas été conçues par Google ou Samsung ?

Et quid du prix international décourageant de 1 980 dollars, qui se traduira probablement par un tarif français de plus de 1 750 euros ? Combien d’années faudra-t-il pour qu’il descende à des niveaux plus accessibles ?

Le Galaxy Fold n’est que le premier des smartphones pliables de grande marque, il pourrait être rejoint par plusieurs concurrents. Si l’on se fie à leurs prototypes, tous n’adopteront pas le format façon livre dépliable. Ces mobiles pliables s’annoncent très différents, leurs atouts ergonomiques seront sensiblement différents de ceux du Samsung.