Agnes Thill posant à l’entrée du Musée du quai Branly à Paris lors d’une journée d’information des candidats du parti La République en marche en mai 2017. / CHARLY TRIBALLEAU / AFP

L’élue La République en marche (LRM) Agnès Thill, dont certains députés ont demandé à plusieurs reprises l’exclusion après des déclarations contre la procréation médicalement assistée (PMA), n’a reçu qu’une simple « mise en garde » de la part de son parti. Accompagnée d’un avocat, elle avait été entendue mardi par la commission des conflits de La République en marche.

« Ces provocations n’étaient en rien conformes à l’attitude que les adhérents de LRM et les Français dans leur ensemble sont en droit d’attendre de leurs élus », a souligné le parti dans un communiqué publié jeudi 21 février. Cette mise en garde pourrait se transformer en exclusion « si [Agnès Thill] venait à renouveler un tel comportement ».

Mme Thill s’est réjouie dans un tweet « de rester membre » de LRM, dont elle « partage et adhère à toutes les valeurs ». « Je me suis engagée à faire attention à mes propos », a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) la députée de l’Oise, se félicitant que soit « reconnu » qu’elle n’est « ni homophobe ni islamophobe ».

Dans un courrier qu’elle va envoyer à son président de groupe, Gilles Le Gendre, elle demande désormais « un débat apaisé et serein » et prévient qu’elle déposera plainte en cas de « nouvelle attaque » de la part de ses collègues, notamment sur sa vie privée et sa religion catholique.

« Dernier avertissement »

Guillaume Chiche, un des députés LRM qui avait plaidé pour son exclusion, a affirmé à l’AFP que sa demande restait « intacte ». « Je reste atterré par les déclarations d’Agnès Thill. J’espère que cette décision la fera grandir », a-t-il ajouté.

Dans une déclaration transmise à l’AFP, M. Le Gendre relève que Mme Thill « s’est engagée à ne pas réitérer de tels propos, et à observer les règles d’un débat serein et respectueux lors de l’examen prochain des lois de bioéthique ». « Je serai attentif à ce que cet engagement soit respecté », promet le patron du groupe majoritaire.

Selon Hervé Berville, porte-parole des députés LRM, « c’est le dernier avertissement » et « il faut qu’elle arrête de jeter de l’huile sur le feu ». « Il y a des divergences de fond mais il faut respecter la liberté de parole », a-t-il aussi souligné à l’AFP.

Mme Thill, qui s’oppose à l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA), avait estimé en janvier que « l’absence de genre dans le mot “parent” favoris[ait] l’éclosion d’écoles coraniques », à l’occasion de la publication du rapport de la mission parlementaire sur la bioéthique.

Elle avait déjà été mise en garde à plusieurs reprises auparavant par LRM, notamment pour des propos concernant un supposé « lobby LGBT à l’Assemblée nationale ».

En novembre, en particulier, le mouvement LRM et M. Le Gendre avaient déjà adressé une lettre à la députée, la mettant en garde une « dernière » fois « contre les excès » de ses « prises de position publiques ». Dernièrement, elle a suscité une nouvelle levée de boucliers après avoir comparé les « femmes seules » qui souffrent de ne pas avoir d’enfants et veulent bénéficier de la PMA à des « droguées ». La députée s’est déjà expliquée devant le bureau du groupe LRM de l’Assemblée. Elle a « retiré » ses propos ayant pu « blesser », mais a maintenu ses « positions ».

Le monde est-il de plus en plus homophobe ?
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