Le député démissionnaire Ian Austin, le 30 octobre 2018 à la Chambre des communes à Londres. / - / AFP

« J’ai honte du parti travailliste sous la direction de Jeremy Corbyn. » Nouvelle démission fracassante du côté du Labour. Quelques jours après le départ de huit élus travaillistes, c’est au tour du député Ian Austin, d’annoncer sa démission du parti, vendredi 22 février dans le journal Express & Star. Il accuse le parti dirigé par Jeremy Corbyn d’être rongé par l’antisémitisme.

« Le parti est plus dur envers les gens qui se plaignent d’antisémitisme qu’envers les antisémites », a regretté le parlementaire de 53 ans, dénonçant une « culture d’extrémisme, d’antisémitisme et d’intolérance ». M. Austin, qui est pro-Brexit, estime également que « la gauche dure est maintenant aux commandes du parti ».

Huit députés travaillistes avaient annoncé leur départ en milieu de semaine, dénonçant à la fois la gestion du Brexit et celle de l’antisémitisme par le leader du parti, Jeremy Corbyn. Ce dernier, issu de l’aile gauche radicale et eurosceptique du Labour, est accusé de ne pas prendre clairement position sur le Brexit et de ne pas réagir assez fermement face aux nombreuses accusations d’antisémitisme au sein de sa formation.

Partisans d’un second référendum

Début août, il avait reconnu que le parti connaissait un « réel problème » d’antisémitisme, avait été « trop lent » à infliger des sanctions disciplinaires dans des cas avérés et avait affirmé que sa priorité était de « restaurer la confiance » avec la communauté juive. Mais pour Luciana Berger, députée de confession juive qui a démissionné cette semaine, le Labour est « institutionnellement antisémite, dans ses processus, son état d’esprit et son comportement ».

La position de M. Corbyn sur le Brexit est également très critiquée par les députés démissionnaires qui ont décidé de créer un nouveau parti, le Groupe indépendant. Ce nouveau mouvement a été rejoint par trois députés conservateurs qui ont démissionné de leur parti. « Tout le monde peut constater la trahison du Labour sur le Brexit », a notamment lancé Mike Gapes, qui reproche au chef du parti de « faciliter » la sortie de l’Union européenne.

Mais ils se rejoignent aussi pour estimer que le Brexit a rendu inopérant le système britannique où seuls deux partis dominent la vie politique. Partisans, comme plus de 80 % des adhérents, d’un second référendum destiné à remettre en cause le Brexit, ils ne se sentent pas représentés par Jeremy Corbyn. Centristes, certains sont aussi critiques à l’égard du programme de renationalisations du Labour.