• Louis-Noël Bestion de Camboulas
    Soleils couchants

    Sélection d’œuvres transcrites pour orgue de salon et divers instruments

Pochette de l’album « Soleils couchants », de Louis-Noël Bestion de Camboulas. / HARMONIA MUNDI

A la différence de celui des églises, l’orgue de salon n’est pas une scène de théâtre mais un espace d’intimité. Intimes, les interprètes de ce disque le sont visiblement entre eux et tout autant avec les œuvres qu’ils revisitent dans d’audacieuses transcriptions. Leur prestation, en duo ou trio avec l’orgue de salon de Royaumont (1864), rend cohérent un programme d’apparence composite. Le violon alto d’Adrien La Marca traverse la Romance oubliée de Franz Liszt comme une apparition, corps de fantôme et voix d’ange. La harpe de Lucie Berthomier semble de même nature au service de Claude Debussy (Deux danses). Métamorphosée par l’orgue aux mille visages de Louis-Noël Bestion de Camboulas, chaque page exerce un extraordinaire pouvoir de fascination. Des très célèbres, telles la Sicilienne de Gabriel Fauré tournant comme un manège psychédélique, aux méconnues, à l’instar de la grave Fantaisie d’Emile Paladilhe, chantée avec esprit par le baryton Etienne Bazola, et de l’intense Soleils couchants de Nadia Boulanger, magnifiquement projetée par la soprano Eugénie Lefebvre. Pierre Gervasoni

1 CD Harmonia Mundi.

  • Possible(s) Quartet
    Songs From Bowie

Pochette de l’album « Songs From Bowie », du Possible(s) Quartet. / LES IMPROFREESATEURS / RHINO JAZZ(S) FESTIVAL / INOUÏE DISTRIBUTION

Commande du festival Rhino Jazz(s) en 2017, au Possible(s) Quartet, lors de la première étape d’un hommage à David Bowie, supervisé par Daniel Yvinec, ce programme de reprises de compositions du chanteur et auteur-compositeur mort le 10 janvier 2016, avait d’abord été présenté en concert. Le voici enregistré en studio. Pas de voix pour chanter les textes de titres parmi les plus connus (Space Oddity, Life on Mars, Heroes) ou plus secrets (Dead Man Walking, Little Wonder, Absolute Beginners…), mais une alliance des vents qui met en valeur le lyrisme mélodique, l’inventivité harmonique. Pas de saxophone non plus, instrument que pratiquait Bowie à l’occasion. Trompette et bugle (Rémi Gaudillat et Fred Roudet), trombone (Loïc Bachevillier) et clarinette basse (Laurent Vichard) sont mis en jeu. Souvent dans un éloignement des originaux, en procédant par rappels, citations, évocations, sans suivre la structure couplet-refrain, pour aboutir à une réinterprétation profondément originale. Sylvain Siclier

1 CD Les ImproFreeSateurs-Rhino Jazz(s) Festival/Inouïe Distribution.

  • Michael Chapman
    True North

Pochette de l’album « True North », de Michael Chapman. / PARADISE OF BACHELORS / DIFFER-ANT

Visage taillé à la serpe, souvent dissimulé par des lunettes aviator et une casquette, Michael Chapman, 78 ans, est une légende discrète de la scène british folk au même titre que ses pairs Roy Harper et feu John Martyn. Depuis ses débuts en 1969, le guitariste et songwriter cumule près d’une soixantaine d’albums, parfois dispensables, mais recelant aussi quelques chefs-d’œuvre. Il y a quelques années, le label Light in The Attic a œuvré à sa réhabilitation en rééditant deux de ses meilleurs opus parus en 1970, Fully Qualified Survivor et Window. True North poursuit sa remarquable cure de jouvence entamée avec 50 en 2017, tous deux produits par le guitariste américain Steve Gunn. Le picking toujours alerte et la voix rocailleuse, Chapman puise dans son répertoire quelques pépites méconnues et signe quatre inédits aux contours dépouillés, crépusculaires (dont deux duos avec la chanteuse Bridget St John). L’ensemble exhale un magnétisme noir qui n’est pas sans évoquer les ultimes productions de Johnny Cash. Franck Colombani

1 CD Paradise of Bachelors/Differ-ant.

  • Interzone – Serge Teyssot-Gay & Khaled Aljaramani
    Kan Ya Ma Kan - 4e jour

Pochette de l’album « Kan Ya Ma Kan - 4è jour », d’Interzone. / INTERVALLE TRITON / L’AUTRE DISTRIBUTION

La musique comme une proposition d’évasion. « Kan Ya Ma Kan » : dans le monde arabe, tous les conteurs ouvrent par cette formule l’histoire qu’ils s’apprêtent à raconter. Il était une fois celle que continuent d’inventer ensemble le guitariste Serge Teyssot-Gay et le oudiste Khaled Aljaramani. Elle a pris naissance lors de leur rencontre à Damas en 2002. Teyssot-Gay était alors guitariste du groupe Noir Désir, de passage dans la capitale syrienne, où Aljaramani enseignait au Conservatoire. Après leurs premiers échanges musicaux, trois albums sont nés. Voici aujourd’hui le quatrième, frémissant de mélancolie et de silences. Dans des ambiances en clair-obscur, au fil de mélodies d’une sinuosité envoûtante, les deux musiciens proposent une invitation au voyage. Dans les airs (Tapis volant) ou à dos de chameau (Hala Hala Haïa – chant de caravanier), passant par les vers d’Ivresse, du mystique soufi égyptien Omar Ibn Al Faridh (1181-1234), chantés par Khaled Aljaramani, ou une allusion à Erik Satie. Patrick Labesse

1 CD Intervalle Triton/L’Autre Distribution.

  • Diplo
    Europa

Pochette de l’album « Europa » de Diplo. / Because Music

Avant d’être le leader du trio Major Lazer, le producteur américain Diplo n’a eu de cesse d’explorer toutes les tendances des musiques életroniques et urbaines dans les recoins les plus sombres des métropoles mondiales. Depuis un an, il reprend du service en lançant une série d’EP (format court d’un album en six titres), disponibles seulement en digital. Après California, en 2018, il réunit sur Europa ce qui lui paraît le plus original sur notre continent, Niska et Soolking pour les francophones, les Britanniques, Octavian et IAMDDB, et les Hollandais, BIzzey et Ramiks ou l’Allemand Bausa. Ce sont d’ailleurs les germanophones qui étonnent le plus sur les productions toujours aussi puissantes de Diplo, surtout l’intriguant Dip Raar. Soolking a, quant à lui, un écrin musical à la hauteur de son talent vocal et Niska arrive même à chanter sur autre chose qu’une instrumentale trap dans Boom Bye Bye. Stéphanie Binet

1 EP digital Because Music.