Des manifestants à Urena, au Venezuela, samedi 23 février. / ANDRES MARTINEZ CASARES / REUTERS

Juan Guaido, président de l’Assemblée nationale et chef de l’Etat autoproclamé du Venezuela, a donné, samedi 23 février, le très symbolique et médiatique coup d’envoi à l’arrivée de l’aide humanitaire depuis la Colombie et le Brésil. « L’aide humanitaire est en route pour le Venezuela de manière pacifique et tranquille pour sauver des vies », a-t-il dit depuis la ville colombienne de Cucuta, où des centaines de tonnes de vivres et des médicaments américains sont stockés.

Du côté brésilien de la frontière, deux camions transportant quelque huit tonnes d’aide humanitaire ont quitté une base aérienne brésilienne vers Pacaraima à la frontière avec le Venezuela où, selon M. Guaido, ils ont pénétré en fin d’après-midi.

M. Guaido avait donné au régime de Nicolas Maduro jusqu’à samedi pour laisser entrer ce convoi de camions. Le président vénézuélien a refusé, décrétant la fermeture des frontières et ordonnant aux soldats de bloquer plusieurs ponts vers la Colombie et le Brésil. Cette opération humanitaire est censée faire plier les soutiens militaires du président vénézuélien et ouvrir la voie à M. Guaido, reconnu par une cinquantaine de pays, dont la France.

A Cucuta, où se trouve le chef d’Etat par interim, un convoi de camions a quitté la ville en direction de la frontière avec le Venezuela. Ils seront ensuite déchargés sur le pont Simon Bolivar, du côté colombien de la frontière, et les colis humanitaires arriveront du côté vénézuélien via une chaîne humaine, a fait savoir samedi l’agence colombienne pour les migrations.

Guaido : « L’appel aux forces armées est très clair »

A Urena, le 23 février. / Rodrigo Abd / AP

En face de là où se trouve M. Guaido, dans la ville vénézuélienne d’Urena, la situation était extrêmement tendue. Des militaires de la Garde nationale vénézuélienne, présents en nombre, ont dispersé tout au long de la journée au gaz lacrymogène une foule qui voulait traverser le pont et qui s’en est ensuite pris à des bus de l’armée et à des casernes.

Dans la matinée, quatre militaires vénézuéliens avaient déserté pour se rendre de l’autre côté de la frontière, où M. Guaido les a accueillis en héros. Lors de sa conférence de presse, il a réitéré son appel aux militaires :

« L’appel aux forces armées est très clair : bienvenus du côté correct de l’histoire, bienvenus les militaires qui aujourd’hui se mettent du côté de la Constitution. »

Arrivé vendredi à Cucuta, en dépit d’un ordre judiciaire lui interdisant de quitter son pays, M. Guaido était accompagné des présidents de Colombie, du Chili, du Paraguay, et du secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA).

M. Guaido, qui avait quitté Caracas jeudi par la route, est passé en Colombie à la veille de la date qu’il avait annoncée pour l’entrée des dizaines de tonnes d’aliments et de médicaments accumulés depuis le 7 février à Cucuta. « La question est comment nous sommes arrivés ici alors qu’ils ont interdit l’espace aérien, tout type de traversée maritime, barré les routes (…). Nous sommes là précisément parce que les forces armées ont aussi participé à ce processus », avait-il alors lancé.