L’hôpital de Kushal Konwar, situé dans le district de Golaghat (Etat de l’Assam, nord-est de l’Inde) a accueilli de nombreuses victimes ayant bu de l’alcool frelaté, samedi 23 février. / DAVID TALUKDAR / AFP

Quatre-vingt-treize personnes sont mortes et au moins 200 autres ont été hospitalisées dans le nord-est de l’Inde après avoir bu de l’alcool frelaté, ont annoncé samedi 23 février les autorités locales. « Le nombre de morts [dans le district] est passé à 58 et 75 autres personnes sont actuellement soignées » dans des hôpitaux locaux, a déclaré Dhiren Hazarika, un responsable du district de Golaghat dans l’Etat de l’Assam. Dans le district voisin de Jorhat, un responsable a fait état de la mort de 35 personnes qui avaient consommé de l’alcool trafiqué. La plupart des victimes, parmi lesquelles figurent de nombreuses femmes, travaillaient dans des plantations de thé de la région.

Selon M. Hazarika, des personnes ont commencé à tomber malades jeudi soir après avoir consommé une cargaison d’alcool produit clandestinement. Le bilan, qui était initialement de 69 personnes dans les deux districts, pourrait encore augmenter. Selon les responsables, plusieurs des victimes hospitalisées se trouvent dans un état critique.

« Intenses vomissements »

« Les gens sont arrivés à l’hôpital en proie à d’intenses vomissements, à bout de souffle et avec de fortes douleurs dans la poitrine », a expliqué le docteur Ratul Bordoloi, directeur adjoint des services de santé à Golaghat.

Le chef du gouvernement de l’Etat d’Assam, Sarbananda Sonowal, a ordonné l’ouverture d’une enquête. La police a annoncé l’arrestation d’un homme qui vendait de l’alcool frelaté et deux responsables de l’administration des impôts dans le district ont été suspendus faute d’avoir pris les précautions adéquates avant la mise en vente de cet alcool.

Le ministre de la santé de l’Assam, Himanta Biswa Sarma, a expliqué que les autorités de l’Etat avaient dénombré « au moins 80 » morts dans les districts concernés, « mais parallèlement, d’autres personnes sont mortes hors de l’hôpital ». Selon des informations de presse citant des sources anonymes, le nombre de décès dépasserait la centaine et les autorités sont en train de vérifier le nombre exact de victimes.

Affaire similaire mi-février

Mi-février, une centaine de personnes avaient succombé en un week-end à de l’alcool frelaté et de nombreuses victimes avaient dû être hospitalisées, dans une zone à cheval entre les Etats d’Uttar Pradesh et d’Uttarakhand (nord), à 150 km au nord de la capitale New Delhi. La police avait alors déclenché une vaste opération contre les distilleries clandestines.

Des centaines d’Indiens pauvres meurent chaque année après avoir consommé de l’alcool frelaté bon marché. Les contrebandiers ajoutent souvent du méthanol – un alcool hautement toxique parfois utilisé comme antigel – dans leur breuvage afin de le corser. Des cinq milliards de litres d’alcool bus chaque année en Inde, environ 40 % sont produits illégalement, selon l’Association indienne de vins et spiritueux internationaux.

Plusieurs Etats indiens ont mis en œuvre ou préparent l’interdiction de l’alcool mais, selon les critiques, cela ne fait qu’accroître la fabrication et la vente d’alcool en dehors de tout contrôle.