En s’imposant face à l’Ecosse, les Bleus évacuent leurs « chances » de décrocher l’infamante cuillère de bois. / Christophe Ena / AP

Jamais deux sans trois. Parfois, une expression peut être interprétée de façon différente, suivant le déroulé d’une rencontre. Après deux défaites face au Pays de Galles et en Angleterre pour entamer le Tournoi des six nations, l’équipe de France redoutait la passe de trois alors que se présentait devant elle une pâle équipe d’Ecosse. Si les Bleus l’ont emporté, samedi 23 février sous le soleil printanier du Stade de France (27-10), renouant avec la victoire après un an de disette (en compétition officielle), imprécis, ils ont fait leur l’expression « jamais deux sans trois ».

A trois reprises, Nic Berry, l’arbitre de la rencontre, a refusé - à juste titre - un essai français. Un de Penaud, deux de Fickou. De quoi faire douter une équipe de France qui ne se caractérise guère par sa confiance en elle. Mais en dépit de leurs – nombreuses – imprécisions, les Bleus ont assuré l’essentiel face à une équipe d’Ecosse diminuée mais pas en kilt (six titulaires absents). Volontaires, à l’image de Romain Ntamack titularisé à l’ouverture et qui a débloqué la rencontre en inscrivant le premier essai bleu (13e minute), les Français ont manifesté des vélléités de jeu.

Après une première période assez terne, et frappée de nombreuses erreurs techniques de part et d’autres, l’équipe de France ragaillardie s’est lancée à l’assaut de l’en-but écossais. Une accélération contrétisée par Yoann Huget au terme d’un beau mouvement collectif (15-3).

Dominateurs mais manquant de justesse, les joueurs de Jacques Brunel ont manqué à plusieurs reprises de se faire surprendre par des Ecossais sortant peu à peu de leur rôle de victime expiatoire sur la pelouse dyonisienne. La dernière demi-heure, le XV de France a ployé sur les attaques adverses. Mais à la différences de bien des matchs de son histoire récente, il n’a pas rompu.

Des progrès en défense

Appliqués en défense pour éviter de ranimer leurs récents démons – défaite in extremis face au Pays de Galles après avoir mené – les Français, menés par leur jeune garde sont repartis de l’avant. Et on inscrit deux essais, par le remplaçant Grégory Alldritt (75e et 80+7e), obtenant par là-même le point de bonus offensif.

Un essai tardif écossais est venu ternir la performance d’ensemble d’une équipe de France encore friable, mais pour les Bleus, l’essentiel est là. Depuis un an, il n’avaient pas remporté la moindre victoire en match officiel, et ils se satisferont de celle obtenue samedi devant un stade de France au complet – autre nouveauté par les temps qui courent.

A sept mois de la Coupe du monde au Japon (du 20 septembre au 2 novembre), les Bleus s’assurent de ne pas décrocher l’infamante cuillère de bois (qui revient à l’équipe ayant perdu tous ses matchs du tournoi). Dans une semaine, ils se déplaceront à Dublin pour affronter une Irlande autrement plus coriace que l’Ecosse. En attendant, en dépit de nombreuses imprécision, le printemps est revenu le temps d’un après-midi sur le rugby français.