Avec 3 804 décès en grande majorité imputés aux groupes insurgés des talibans et de l’Etat islamique, l’année 2018 a été la plus meurtrière jamais enregistrée pour les civils victimes du conflit afghan, a révélé dimanche 24 février un rapport onusien. Selon la Mission de l’ONU en Afghanistan (Manua) et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, ces décès sont en augmentation de 11 % par rapport à 2017. Le nombre d’enfants tués a également atteint un record en 2018 (927, contre 826 en 2017 et 926 en 2016). Plus de 7 000 blessés ont été comptabilisés, soit un niveau équivalent à ces quatre dernières années.

Depuis 2014, au moins 3 500 civils meurent chaque année des conséquences de la guerre en Afghanistan. En dix années de recensement des victimes civiles du conflit, les Nations unies ont dénombré 32 000 morts et 60 000 blessés.

« Ciblage délibéré »

Selon l’ONU, les facteurs clés qui ont contribué à cette augmentation significative du nombre de décès sont le « ciblage délibéré des civils » lors d’attaques-suicides menées par les groupes insurgés ainsi que les bombardements aériens et les combats au sol opérés par les forces pro-gouvernementales. Ainsi, si 63 % des morts et blessés sont imputés aux groupes rebelles (37 % aux talibans, 20 % à l’EI et 6 % à d’autres groupes), 24 % sont des victimes collatérales des forces pro-gouvernementales (14 % des forces armées afghanes et 6 % de la coalition internationale).

« C’est la première fois que les opérations aériennes se traduisent par la mort de plus de 500 civils », note le rapport, attribuant 393 décès à la coalition internationale de l’OTAN et 118 à l’armée de l’air afghane. Pour la seule année 2018, « à peu près le même nombre de civils sont morts des suites de bombardements que les années 2014, 2015 et 2016 combinées », note l’ONU. L’aviation américaine, qui soutient l’armée de l’air afghane, a considérablement intensifié ses frappes aériennes en 2018. Selon le centre de commandement de l’US Air Force, 7 362 missiles et drones ont visé les positions ennemies, soit près du double de l’année précédente, déjà record.

Les groupes insurgés sont responsables de la mort de 2 243 civils (4 737 blessés), soit une augmentation de 3 % par rapport à 2017, « principalement suite à l’utilisation sans discrimination d’engins explosifs », souligne l’Onu. Le rapport a recensé 65 attaques-suicides en 2018, la majorité d’entre elles dans la capitale, causant 481 morts et 1 150 blessés.

« Il est temps de mettre fin à cette tragédie humaine » en « stoppant les combats », a appelé le représentant spécial en Afghanistan du secrétaire général des Nations unies. « J’exhorte toutes les parties à saisir toute opportunité » de paix, a ajouté le chef de la Manua, Tadamichi Yamamoto alors que doit démarrer lundi un nouveau round de négociations entre les Etats-Unis et les talibans.