Des soutiens de Juan Guaido, face aux forces de l’ordre vénézuéliennes, samedi 23 février à la frontière entre la Colombie et le Venezuela. / SCHNEYDER MENDOZA / AFP

« Je suis certain que grâce aux Vénézuéliens, les jours de Maduro (à la tête du pays) sont comptés. » Par la voix de son secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, les Etats-Unis ont accentué la pression sur le président vénézuélien, dimanche 24 février.

Alors que M. Maduro refuse toujours de laisser entrer les convois humanitaires qui se trouvent aux frontières avec la Colombie et le Brésil, où de nombreuses violences se sont déroulées samedi faisant au moins deux morts, le chef de la diplomatie américain espère « fortement que dans les jours, semaines, et mois prochains, le régime Maduro comprendra que le peuple vénézuélien a fait en sorte que ses jours soient comptés », a-t-il affirmé dans des interviews sur CNN puis sur Fox News.

M. Pompeo a également affirmé que les Etats-Unis ont l’« intention de passer aux actes pour soutenir » l’opposant à M. Maduro, Juan Guaido, chef d’Etat autoproclamé, qui est soutenu par une cinquantaine de pays, dont la France.

« Pire du pire des tyrans »

Qualifiant Nicolas Maduro de « pire du pire des tyrans », M. Pompeo a évoqué les « quelques centaines de tonnes » de nourriture, de médicaments et de kits d’hygiène envoyés par les Etats-Unis à la frontière avec le Venezuela, et bloqués samedi.

Interrogé sur un éventuel recours à la force par l’armée américaine, M. Pompeo a, conformément à la ligne tenue depuis le début de la crise par Washington, refusé de l’exclure dimanche. « Nous avons dit que toutes les options étaient sur la table », a-t-il dit sur Fox.

« Nous ferons ce qu’il faut pour (…) que la démocratie règne et qu’un avenir meilleur se dégage pour les Vénézuéliens ».

L’Union européenne (UE) a, elle, condamné dimanche les actes de violence et le recours de groupes armé par le gouvernement de M. Maduro. « Le refus du régime de reconnaître l’urgence humanitaire conduit à une escalade des tensions », a déploré la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, dans une déclaration au nom des vingt-huit Etats membres de l’UE.

« Des informations inquiétantes font état de troubles, d’actes de violence et d’un nombre croissant de victimes, en particulier dans les zones frontalières et parmi la communauté autochtone Pemon. Nous demandons instamment aux forces de l’ordre et aux organes de sécurité de faire preuve de retenue, d’éviter le recours à la force et de permettre l’entrée de l’aide »

Des camions du convoi humanitaire ont été incendiés, samedi, comme ici à Cucuta, à la frontière entre la Colombie et le Venezuela. / EDGARD GARRIDO / REUTERS

De son côté, le Canada a réclamé samedi « l’accès sûr et sans restriction » de l’aide au Venezuela et s’est dit « profondément préoccupé » par les actes de violences visant à entraver son entrée dans le pays. Mais M. Maduro refuse de laisser entrer ce convoi en dénonçant une tentative déguisée d’intervention américaine et a fermé plusieurs points de passages aux frontières vénézuéliennes avec la Colombie et le Brésil.

Reconnu comme président par intérim par une cinquantaine de pays, Juan Guaido a appelé depuis la ville colombienne de Cucuta, samedi, la communauté internationale à « envisager toutes les éventualités » face à M. Maduro.

Désertion de militaires

M. Guaido, passé vendredi en Colombie malgré une interdiction de sortie du Venezuela, a annoncé qu’il participerait lundi à Bogota à une réunion sur la crise au Venezuela du Groupe de Lima qui comprend quatorze pays du continent américain, majoritairement hostiles à Nicolas Maduro. Le vice-président américain, Mike Pence, sera présent.

Samedi, des affrontements ont éclaté aux frontières avec la Colombie et le Brésil, où les manifestants exigeaient l’entrée dans le pays de convois d’aide humanitaire. Plusieurs postes-frontière sont bloqués par l’armée fidèle à M. Maduro. Deux camions et leur cargaison de médicaments ont été incendiés peu après être entrés au Venezuela depuis la Colombie, selon les autorités colombiennes qui ont alors ordonné le retour des autres véhicules.

En parallèle, des militaires vénézuéliens commencent à faire désertion, alors que M. Guaido leur avait promis l’amnistie s’ils le ralliaient. Selon les autorités colombiennes, au moins 60 militaires vénézuéliens désarmés, dont plusieurs officiers, ont déserté samedi et sont passés en territoire colombien où ils ont demandé l’asile.

L’un des militaires s’est présenté comme « le major Hugo Parra », en uniforme de la Force armée nationale bolivarienne. « Je reconnais notre président Juan Guaido et je lutterai avec le peuple vénézuélien à chaque étape », a-t-il déclaré devant la presse.

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