TCM Cinéma, dimanche 24 février à 20 h 45, film

L’exquise Nina (Natalie Portman) danse pour une compagnie new-yorkaise dirigée par un chorégraphe roué d’origine probablement française qui a le port avantageux de Vincent Cassel. Nina vit seule avec sa maman, Erica (Barbara Hershey). Elle a passé le quart de siècle, mais dort toujours dans sa chambre de petite fille. La retraite approche, et Nina n’a toujours pas dansé de premier rôle. Or, Thomas Leroy (Vincent Cassel) a décidé de programmer Le Lac des cygnes, et s’est séparé de sa danseuse étoile (Winona Ryder).

Le double rôle de cygne blanc-cygne noir que le scénario offre à Nina lui ouvre aussi les portes du délire. Dans un New York menaçant, la jeune femme commence à entrevoir un double mystérieux. A la maison, rien ne va plus, Erica se comporte comme une vraie mère de films d’horreur et, dans le studio de répétition, Nina peine à convaincre Thomas qu’elle ferait un bon cygne. Entre le chaste cygne blanc et sa version noire et érotique, Nina perd bientôt la tête. C’est dans ce cerveau enfiévré que Darren Aronofsky s’est glissé, et le film entier s’en tient au point de vue de la danseuse folle, sujette à des visions horrifiques.

Un monstre adorable

Le spectateur est livré à lui-même, psychiatre de la salle obscure, chargé de déterminer quelle emprise sur la réalité ont les fantasmes de Nina. Le corps de la jeune femme se déforme, se blesse. Elle est la proie de désirs inconnus qui la portent vers sa rivale Lily.

Black Swan est un film de pures sensations qui relègue les émotions au second plan et il faut quand même croire un peu à cette histoire pour en ressentir les effets psychotropes. C’est le travail de Natalie Portman. Peut-être parce qu’elle s’est soumise à la douloureuse discipline du ballet, sûrement parce qu’elle sait s’immerger dans ses personnages pour en partager toutes les avanies, l’actrice parvient à faire de sa Nina un monstre adorable.

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On peut toujours rêver à un film qui réfléchirait plus profondément sur l’art de danser, plus respectueux du travail des danseurs et des chorégraphes, plus mesuré. Mais il ne fallait pas compter sur Darren Aronofsky pour le réaliser. Le cinéaste est allé jusqu’au bout de ses fantasmes, de ses hallucinations. Au mépris de la bienséance et de la vraisemblance, il les agence sur un rythme exaltant et épuisant, pour la plus grande gloire de ­Natalie Portman.

Black Swan Nouvelle Bande-Annonce HD VF
Durée : 02:16

Black Swan, de Darren Aronofsky. Avec Natalie Portman, Vincent Cassel (E.-U., 2010, 110 min.). tcmcinema.fr/film/black-swan