Geoffroy Roux de Bézieux, au dîner du CRIF, le 20 février. / POOL / REUTERS

Après l’échec des négociations sur la réforme de l’assurance-chômage, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a réfuté le procès en irresponsabilité dressé cette semaine par Emmanuel Macron contre les partenaires sociaux, dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD).

« Dire que quand c’est dur, comme l’a pointé Emmanuel Macron, les partenaires sociaux se défaussent sur l’État, est injuste », a affirmé le chef de l’organisation patronale, jugeant que la mission posée par l’Etat pour cette réforme était « impossible » à remplir.

« Quand les ingérences sont permanentes, oui, c’est dur de trouver des consensus. Dur, également, d’obtenir des économies des syndicats quand le gouvernement ne parle que du bonus-malus. »

Avant lui, les syndicats CGT, FO et CFDT, avaient déjà vivement répondu au président de la République après ses critiques lancées jeudi à l’encontre des partenaires sociaux. « On est dans un drôle de système ! Chaque jour dans le pays, on dit corps intermédiaires, démocratie territoriale, démocratie sociale, laissez-nous faire. Et quand on donne la main, on dit mon bon monsieur, c’est dur, reprenez-la” », avait dit le chef de l’Etat devant les présidents de départements réunis à l’Elysée.

Un réexamen de sa présence dans les organes paritaires

Les négociations entre partenaires sociaux ont buté sur le refus patronal d’un bonus-malus pour décourager les entreprises de recourir aux contrats courts. Le patronat a, de son côté, déploré le refus des syndicats de discuter des économies demandées par le gouvernement, au minimum un milliard d’euros par an.

M. Roux de Bézieux a prévenu que « sans remise en question forte » du système actuel de gestion paritaire, le Medef pourrait quitter l’Unedic, l’organisme gestionnaire de l’assurance-chômage. « Ce monde ne bouge pas à la même vitesse que le monde de l’entreprise. Au Medef, nous allons réexaminer notre présence dans tous les organismes paritaires », a-t-il fait savoir.

« Le régime de retraites complémentaires, que nous gérons, fonctionne très bien. Il y a trois ans, il était en mode survie. Aujourd’hui, l’Agirc-Arrco affiche 70 milliards d’euros de réserves », a souligné le patron des patrons.

Diminuer les impôts et taxer les GAFA

Interrogé sur les aspirations d’équité fiscale qui s’expriment dans le mouvement des « gilets jaunes », le patron du Medef a appelé le gouvernement à baisser les impôts, à la fois sur les sociétés, la production et les revenus des classes moyennes.

« Tout le monde en paie trop, nous sommes à un stade de saturation qui fait que le consentement à l’impôt a disparu. »

Sur le plan international, M. Roux de Bézieux s’est dit favorable à l’instauration d’une taxe sur les géants du numérique, les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). Elle « a des inconvénients car elle va toucher des sociétés françaises, mais nous la soutenons afin qu’un dispositif plus large soit adopté en Europe », a-t-il expliqué, plaidant aussi pour un impôt sur les sociétés, plancher et plafond, en Europe pour réduire l’optimisation fiscale.