Le président irakien, Barham Saleh, a annoncé, lundi 25 février lors d’une visite à Paris, que treize djihadistes, présumés français pour la plupart, avaient été remis aux autorités irakiennes et qu’ils seraient jugés dans son pays.

« Treize éléments de Daech [acronyme arabe de l’EI] » ont été capturés « dans le cadre d’opérations militaires et ont été remis aux autorités irakiennes », a précisé Barham Saleh. « Ils sont accusés d’avoir commis des crimes contre des Irakiens, des installations irakiennes en Irak, ils seront jugés selon la loi irakienne, et c’est ce que le droit international reconnaît », a-t-il ajouté.

M. Saleh s’exprimait lors d’une conférence de presse aux côtés du président français, à l’Elysée. Emmanuel Macron a, quant à lui, refusé de dire si des Français étaient concernés. Les conditions dans lesquels ces djihadistes ont été capturés et transférés en Irak restent floues et les informations contradictoires.

Opération d’infiltration

Lundi, deux sources militaires irakiennes ont révélé à l’Agence France-Presse (AFP) et à l’agence Reuters que les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui combattent l’Etat islamique avec l’appui de la coalition internationale, avaient remis à l’Irak plus de vingt djihadistes étrangers, dont « quatorze Français ». Un officier irakien en poste près de la frontière syrienne et qui a supervisé le transfert des prisonniers a déclaré à Reuters que la vingtaine d’étrangers avaient été remis à l’armée irakienne jeudi 21 février, en même temps qu’un groupe de près de cent cinquante djihadistes irakiens.

Mais ces membres de l’EI pourraient aussi avoir été capturés au cours d’une opération d’infiltration transfrontalière – « en territoire syrien » – coordonnée par les services de renseignements irakiens contre des réseaux logistiques et de financements de l’organisation. Les autorités irakiennes avaient annoncé jeudi qu’elles détenaient plusieurs étrangers suite à cette opération, avant que les médias irakiens précisent que treize d’entre eux étaient « des Français ».

Il ne s’agirait donc pas, dans ce cas, d’un transfert de membres de l’EI capturés en Syrie parmi la cinquantaine de djihadistes français hommes détenus par les FDS. « Douze membres français [de l’EI] – et un Tunisien résidant en France ont été transférés de Syrie vers l’Irak lors d’une opération coordonnée entre la coalition internationale et des services de renseignements irakiens », précisait, vendredi 22 février, l’expert irakien Hisham Al-Hashimi, spécialiste de l’organisation djihadiste.

« Il ne s’agit pas d’accueil »

Quelles que soient les conditions de la capture de ces présumés djihadistes français, l’Irak a affirmé, par la voix de M. Saleh, sa détermination à poursuivre et à condamner toute personne ayant commis des crimes sur son sol.

Une décision lourde de sens alors que l’avenir des djihadistes étrangers détenus en Syrie, et dont les pays d’origines ne savent que faire, vire au casse-tête. Beaucoup pourraient avoir séjourné sur le sol irakien depuis leur arrivée sur zone. Ce qui suffit pour être poursuivi par la justice irakienne.

« Toute personne accusée d’avoir commis des crimes en Irak, contre le peuple irakien, contre les installations irakiennes, nous la recherchons pour la juger », a insisté le président irakien depuis Paris. « Il ne s’agit pas d’accueil », mais de « les juger devant des tribunaux irakiens ». L’Irak ne sera donc pas un lieu de transit pour les djihadistes étrangers avant une extradition vers leur pays d’origine.

Deux Français, Lahcen Gueboudj, 52 ans, et Mélina Boughedir, 27 ans, ont déjà été condamnés à la perpétuité pour appartenance à l’EI par des tribunaux irakiens. Dans la législation irakienne, la perpétuité équivaut en réalité à vingt ans de réclusion. Une centaine de djihadistes ont eux été condamnés à la peine capitale pour appartenance au groupe.