Une caricature de la championne de tennis Serena Williams, publiée en septembre 2018 par le journal australien Herald Sun et qui avait été taxée de raciste et sexiste, n’a pas enfreint les règles éthiques de la presse, a estimé, lundi 25 février, le régulateur australien des médias.

Le 8 septembre, la Japonaise Naomi Osaka avait remporté l’US Open face à Serena Williams au terme d’un match cacophonique. A cause de plusieurs écarts de comportement, l’Américaine avait reçu un avertissement, avant de se voir infliger un point puis un jeu de pénalité. Au cours d’un échange tendu avec l’arbitre, elle avait traité l’arbitre de « menteur » et de « voleur ». Elle avait alors écopé de 17 000 dollars d’amende.

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Le caricaturiste australien Mark Knight avait raconté l’événement dans un dessin publié par le Herald Sun, où l’on voyait une Williams aux grosses lèvres et à l’allure masculine en train de piquer une crise et de sauter sur sa raquette cassée, avec une tétine tombée sur le court.

Le dessin s’était attiré un déluge de critiques, notamment du Washington Post et de l’auteure J. K. Rowling, qui étrillaient une représentation raciste. Le Herald Sun avait republié la caricature en « une », en qualifiant de « politiquement correctes » les accusations de racisme qui la visaient.

Dénoncer un comportement « puéril »

Le Conseil de la presse australienne a déclaré, lundi, qu’il avait reçu des signalements au sujet de la caricature, sur le fondement qu’elle pouvait « constituer une représentation insultante et sexiste d’une femme et un stéréotype racial préjudiciable des Afro-Américains en général ».

Il a expliqué que les griefs portaient sur le fait que la joueuse fut représentée avec « de grosses lèvres, un nez plat et large, une queue-de-cheval afro différente de celle de Mme Williams pendant le match et une posture évoquant un singe ».

Mais le Conseil a reconnu que l’intention du journal était simplement de dénoncer chez Mme Williams un comportement « puéril en la montrant sautant partout et crachant sa tétine ».

« Le Conseil considère que le ressort du dessin est l’exagération et l’absurdité. Il accepte les explications de l’éditeur selon lequel il ne présente pas Mme Williams en singe, mais comme quelqu’un qui crache sa tétine, une caricature non raciste et évocatrice pour la majorité des lecteurs australiens. »

« Intérêt public »

L’institution reconnaît que le dessin a pu choquer certains lecteurs mais ajoute qu’il y avait « un intérêt public à commenter le comportement et le fair-play affiché à l’occasion d’une importante querelle entre une joueuse de tennis à la notoriété mondiale et un arbitre de la finale de l’US Open. »

« Dès lors, le Conseil ne considère pas que la publication n’ait pas pris les mesures raisonnables pour éviter de commettre une infraction, de créer de la souffrance ou de relayer des préjugés, sans justification suffisante de l’intérêt public. »

De son côté, le caricaturiste avait estimé que les réactions négatives à son dessin montraient que le monde était « simplement devenu fou » : « J’ai fait ce dessin dimanche soir après avoir vu la finale de l’US Open et vu la meilleure joueuse de tennis au monde faire une colère, ce que j’ai trouvé intéressant », avait-il expliqué sur le site Internet de News Corp Australia. « Le dessin de Serena porte sur son comportement déplorable, pas sur la race. »