Le président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaido, accompagné du président guatémaltèque, Jimmy Morales, du président colombien, Ivan Duque, et du président panaméen, Juan Carlos Varela, lors d’une réunion du groupe de Lima, en Colombie, lundi 25 février 2019. / Martin Mejia / AP

Les Etats-Unis ont assuré lundi 25 février à l’opposant vénézuélien Juan Guaido, chef d’Etat par intérim autoproclamé, qu’il pouvait compter sur leur soutien « à 100 % » face au président officiel, Nicolas Maduro. Lors de la réunion du groupe de Lima à Bogota, le vice-président des Etats-Unis, Mike Pence, a précisé que son pays n’avait écarté aucune option contre le dirigeant chaviste, dont le pays traverse une crise sans égale dans son histoire récente.

« Pour vous, président Guaido, un message très simple du président Trump : nous sommes avec vous à 100 % », a déclaré le vice-président des Etats-Unis à Juan Guaido, le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, reconnu par une cinquantaine de pays comme président par intérim du Venezuela.

« Nous espérons une transition pacifique vers la démocratie, mais le président Trump a été clair : toutes les options sont sur la table », a-t-il ajouté pendant la réunion, qui doit s’achever vers 16 heures (22 heures à Paris) avec une déclaration conjointe.

Le groupe de Lima, composé de quatorze pays majoritairement hostiles au président Maduro, a alerté la Cour pénale internationale sur la « grave » situation au Venezuela, marqué par de nouvelles violences samedi aux frontières avec la Colombie et le Brésil, où reste bloquée l’aide humanitaire envoyée à la demande de M. Guaido.

Juan Guaido, qui durant le week-end avait appelé à « envisager toutes les éventualités », a demandé lundi à ces pays de se montrer fermes envers Nicolas Maduro, dont il juge la réélection frauduleuse.

« Il est important de récupérer la démocratie au Venezuela parce que ceux qui aujourd’hui usurpent le pouvoir menacent la stabilité du continent (…). Tolérer l’usurpation du pouvoir serait une menace pour toute l’Amérique. »

« Eviter une intervention militaire »

Le président colombien, Ivan Duque, qui a plusieurs fois dénoncé la « dictature » au Venezuela, a renchéri en réclamant un « encerclement plus fort et efficace » de M. Maduro. A l’ouverture de la réunion, le vice-ministre des affaires étrangères péruvien, Hugo de Zela, avait toutefois affirmé que le groupe de Lima cherchait à ce que « cette solution soit de forme pacifique ».

La veille, Washington avait haussé le ton. Sans exclure l’usage de la force, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo avait qualifié le dirigeant chaviste de « pire du pire des tyrans » et s’était dit « certain que, grâce aux Vénézuéliens, les jours de Maduro sont comptés ». Mais l’Union européenne (UE) a réitéré lundi son appel à « éviter une intervention militaire ».

Le groupe de Lima, composé de treize pays latino-américains et du Canada, a été créé en 2017 pour promouvoir une issue à la crise dans laquelle s’enfonce le Venezuela, qui dispose des plus grosses réserves de pétrole du monde. Il n’a pas reconnu le deuxième mandat de M. Maduro, entamé le 10 janvier. Juan Guaido y a fait lundi officiellement son entrée. « Le gouvernement légitime du Venezuela s’intègre formellement au groupe de Lima », a commenté le président Duque.

Violences à la frontière

Bravant une interdiction judiciaire de sortie du Venezuela, M. Guaido, chef du Parlement dominé par l’opposition, avait rejoint vendredi Cucuta, en Colombie, pour diriger le lendemain l’entrée au Venezuela de tonnes d’aliments et de médicaments, envoyés essentiellement des Etats-Unis à sa demande. Mais Nicolas Maduro refuse cette aide, y voyant un prétexte à une intervention militaire américaine pour l’évincer du pouvoir.

Les camions chargés de ces produits de première nécessité, destinés à pallier de graves pénuries, ont dû rebrousser chemin samedi face au blocage frontalier ordonné par le gouvernement, et la situation a dégénéré. Au moins quatre personnes ont été tuées et plusieurs centaines blessées lors de heurts aux frontières de la Colombie et du Brésil, où une autre partie de l’aide est stockée.

L’ONU et l’UE ont déploré ces violences. Le département du Trésor américain a pour sa part annoncé lundi des sanctions contre quatre gouverneurs chavistes d’Etats vénézuéliens accusés d’avoir bloqué l’aide.

Soutenu par l’armée

Depuis 2015, au moins 2,7 millions de Vénézuéliens ont fui vers les pays de la région, dont plus d’un million en Colombie, selon l’ONU. Le groupe de Lima s’était réuni pour la dernière fois le 4 février à Ottawa. Onze de ses membres avaient alors appelé à un changement pacifique de gouvernement, et exhorté l’armée, pilier du régime, à reconnaître Juan Guaido et à laisser entrer l’aide humanitaire. Le dirigeant chaviste avait jugé cet appel « répugnant et risible ».

Si plus de 150 membres des forces de l’ordre ont déserté durant le week-end, la majorité se réfugiant en Colombie, Nicolas Maduro bénéficie encore du soutien de l’état-major des forces de sécurité, qui comptent plus de 365 000 membres, auxquels s’ajoutent 1,6 million de miliciens civils.

Le successeur du défunt président Hugo Chavez (1999-2013) garde aussi des alliés dans le monde : la Russie, la Chine et Cuba, dont le président Miguel Diaz-Canel a défendu dimanche le Venezuela, où « se joue la dignité du continent ».

Escalade de violence aux frontières du Venezuela
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