La bourse de Paris. / Guilhem Vellut CC@2.0

Recevez 10 % de gain si la Bourse est stable ou en hausse ! Les placements annonçant ce type de promesse ont connu un grand succès auprès des épargnants ces dernières années. Il s’agit de produits structurés, c’est-à-dire le plus souvent des titres de créances, sortes d’emprunts indexés sur les fluctuations d’indices boursiers, qui sont concoctés par des banques. Les Français en ont souscrit plus de 16 milliards d’euros l’an dernier, selon la société d’analyse Structured Retail Products.

A la différence d’un investissement direct dans les actions, ces produits structurés promettent un rendement fixe et plafonné, conditionné à une hausse de la Bourse. Le capital investi est protégé au terme de longues années en cas de légère baisse, mais il existe un risque de perte en cas de krach. Pour bénéficier de ce rendement fixe, les souscripteurs se privent des dividendes et du potentiel de plus-values de la Bourse. Une forme de pari encadré dont il faut savoir décrypter les conditions.

En ce moment, BNP Paribas propose un fonds structuré Mahonia mars 2027, avec remboursement automatique (« autocall », dans le jargon financier) en cas de hausse de l’indice Euro Stoxx 50 des 50 principales valeurs européennes. Il promet 4,5 % de gain par an avec remboursement du capital si cet indice monte à l’un de ses anniversaires (fin mars) ; ou un gain de 16 % en cas de baisse de l’indice de moins de 20 % au bout de huit ans ; ou le remboursement du capital sans aucun gain si l’indice perd de 20 % à 50 % ; ou la perte totale de l’indice s’il chute de plus de 50 %. Au final, cette protection est moins bonne qu’un investissement classique sur l’indice Euro Stoxx 50, qui distribue actuellement 3,7 % de dividendes par an, et dont on peut espérer au moins 30 % de revenus en huit ans.

« Pour comparer ces produits, il faut analyser cinq critères : l’indice de référence, l’échéance et la fréquence des possibilités de sortie, le gain promis et le niveau de protection en cas de baisse », détaille Clément Lemaire, directeur du développement d’Irbis Finance. Leurs caractéristiques varient d’un produit à l’autre, mais aussi selon l’évolution des marchés.

La prudence s’impose

Contrairement au sentiment de sécurité qu’ils peuvent procurer à l’épargnant, ils ont souvent un meilleur potentiel de gain et de protection après une forte baisse, comme celle qui est intervenue à la fin décembre de l’année dernière, que lorsque tout va bien, après la hausse du printemps 2018 par exemple. A cette époque, « les marchés étaient chers et n’avaient pas une volatilité suffisante pour offrir des coupons attractifs et une protection du capital importante, nous avons préféré ne pas en proposer ces dernières années dans l’attente d’opportunités de marché », explique Eric Girault, président du courtier mes-placements.fr. Désormais, « avec la baisse des cours, certains produits structurés peuvent présenter un intérêt pour des clients cherchant à diversifier leurs placements », juge Arnaud Doria, conseiller en gestion de patrimoine à Neuilly. Cependant même lorsque les formules peuvent apparaître gagnantes, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. La prudence est donc de mise.