Netflix, à la demande, télé-réalité

Il y eut, à la télévision nord-américaine, « Blind Date », qui connut sept saisons, au cours desquelles des candidats au bonheur conjugal se retrouvaient sans se connaître. On s’y disputait, on en venait parfois aux mains, mais moins que lors des règlements de comptes sor­dides et passablement orchestrés de l’émission trash « The Jerry Springer Show » (1991-2018), où l’on tentait de recoller les morceaux de relations brisées…

On ne compte plus les « Îles de la tentation », les concours de ­millionnaires à marier, les multiples programmes, connus en France en version originale ou en adaptation, montrant des fils et filles tenter de faire rencontrer l’âme sœur à leur père ou mère (et vice versa)… Même les cougars ont eu leur show…

Milieu bobo new-yorkais

« The Bachelor » – 23 saisons au compteur sur ABC – et ses multiples imitations se veulent plus « chics » : on y privilégie le savoir-vivre entre jeunes gens qui savent se (re)tenir devant la caméra – même si les gestes d’intimité ­acceptables et le French kiss sont fortement encouragés…

Dans « Dating Around », le niveau monte d’un cran. La plate-forme a fait de ce concours de ­célibataires ce qu’elle a fait de l’émission culinaire « Chef’s Table » : un mètre étalon d’élégance sophistiquée en la matière. Avec quelques exceptions et accidents pour pimenter les situations ­promises à l’ennui et à la répé­tition. Ainsi, dès le premier « round », qui confronte l’un de ces visages masculins lisses à cinq ­demoiselles, une blonde un peu vulgaire parle la bouche pleine et le revendique d’une ­façon tellement appuyée qu’on ne peut ­imaginer qu’elle n’ait pas été encouragée à le faire par la production…

Lire la critique de « Chef’s Table »  : Un peu de pâte, beaucoup de pathos…

Dans l’épisode 5, l’un des pré­tendants fait des sous-entendus sexuels si lourdingues qu’on ne peut que les attribuer à un script les ayant fortement suggérés. De sorte que certains vont quitter la table des négociations un peu abruptement…

La singularité de « Dating Around » est qu’elle propose deux épisodes, l’un gay et l’autre lesbien. Dans ce dernier, l’émission joue avec les stéréotypes de catégorisation : certaines prétendantes présentent leurs goûts en usant, par exemple, d’un lexique où figurent lipstick lesbians (« lesbiennes à rouge à lèvres », c’est-à-dire féminine) et butch lesbians (« lesbiennes viriles »).

La singularité de « Dating Around » est qu’elle propose deux épisodes, l’un gay et l’autre lesbien

Les origines et couleurs de peau sont diverses mais, pour l’essentiel, les jeunes participants ­semblent issus du milieu assez « bobo » new-yorkais. Aussi l’épisode 4, consacré aux seniors, est-il rafraîchissant, avec des dames au caractère parfois pittoresque face au candidat de 70 ans qui n’est ni un prix de beauté ni un beau parleur, mais qui sait charmer par sa petite musique.

A la fin de chaque épisode de « Dating Around », on découvre à qui le candidat accorde un second rendez-vous, s’il l’accepte. Mais ensuite ? La plupart des émissions de ce type, lorsqu’elles donnent des nouvelles de leurs anciens candidats, indiquent que les relations se sont souvent interrompues assez vite. Renseignements pris, il semblerait qu’il en soit de même pour « Dating Around » et que chacun ait peut-être suivi le conseil de la célibataire de l’épisode 5 : « Je crois que je vais rentrer à la maison et me masturber. »

Dating Around | Official Trailer [HD] | Netflix
Durée : 01:28

Dating Around (EU, 2019, 6 × 24-29 min). www.netflix.com