Canal+, mercredi 27 février à 21 heures, film

L’histoire de Tonya Harding, maintenue aux marges du patinage artistique en raison de ses origines avant de passer pour une criminelle aux yeux du monde, ressemble à celle du Vilain Petit Canard. A ceci près que la fin du Vilain Petit Canard est l’une des seules heureuses des contes d’Andersen. La morale de l’histoire de Tonya Harding est, elle, d’un pessimisme qui aurait effrayé le plus dépressif des Danois : le monde est ainsi fait qu’on n’échappe pas à la place qu’assigne la naissance.

Athlète d’exception, Tonya Harding n’a jamais accédé à l’élite sportive internationale, lestée dans son envol par ses origines très modestes, son entourage, avant de devenir une réprouvée à la suite d’un crime dont la bêtise dépasse la grande violence. Il y a là le matériau d’une tragédie réaliste, d’une critique sociale. Le réalisateur Craig Gillespie et le scénariste ­Steven Rogers ont préféré la comédie, le second degré, zigzaguant entre faux documentaire et farce, ne trouvant un semblant d’humanité que par la grâce de l’interprète du rôle-titre, Margot Robbie.

Dérision

Le 6 janvier 1994, dans une patinoire de Detroit, un homme tenta de briser la jambe de Nancy Kerrigan, membre de l’équipe olympique américaine de patinage artistique, à quelques semaines des Jeux d’hiver de Lillehammer (Norvège). Nancy Kerrigan se remit assez vite pour remporter une ­médaille d’argent. Et l’on a appris, avant la cérémonie d’ouverture, que le forfait avait été perpétré à l’instigation du mari d’une patineuse de l’équipe, Tonya Harding.

L’image que le réalisateur donne de l’enfance malheureuse d’une petite fille contrainte par sa mère de tout sacrifier au patinage est construite pour échapper aux clichés misérabilistes. La trajectoire qu’ont choisie réalisateur et scénariste passe par la dérision, et celle-ci s’exerce aux dépens de tous les personnages, à l’exception de l’héroïne. D’abord parce que Margot Robbie parvient à faire affleurer les blessures intérieures de cette femme d’une force physique hors du commun. Ensuite parce que les séquences de patinage sont filmées avec une attention à l’investissement physique qui exprime, mieux que la chronique du fait divers, les efforts des patineurs et de Tonya Harding en particulier pour échapper aux forces qui les empêchent de quitter le sol.

MOI,TONYA - avec Margot Robbie - Bande-Annonce VOST
Durée : 02:27

Moi, Tonya, film de Craig Gillespie. Avec Margot Robbie, Sebastian Stan (EU, 2 heures). www.mycanal.fr/cinema/moi-tonya-moi-tonya