Michael Cohen prétant sermant au début de son audition devant la Chambre des représentants, mercredi 27 février. / CHIP SOMODEVILLA / AFP

L’audition parlementaire très attendue de l’ex-avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen, a débuté mercredi 27 février. Ce dernier est apparu souriant, apparemment détendu, au Capitole, siège du Congrès, pour une audition publique devant la commission de suivi de l’action gouvernementale de la Chambre des représentants.

« Je suis ici pour dire au peuple américain ce que je sais du président Trump », a déclaré M. Cohen. « Je regrette le jour où j’ai dit oui à M. Trump (…) J’ai honte » d’avoir collaboré avec lui, a-t-il ajouté. Donald Trump « est un raciste, un escroc, un tricheur ».

« Le peuple américain peut juger par lui-même de la crédibilité » de Michael Cohen, condamné à trois ans de prison pour fraude fiscale, parjure et infraction au code électoral, a déclaré en ouverture de l’audition le président démocrate de la commission d’enquête de la Chambre des représentants, Elijah Cummings.

M. Trump connaissait les révélations à venir sur Hillary Clinton

Signe des tensions politiques entourant l’affaire, l’ouverture des débats, retransmis en direct, a été marquée par une passe d’armes entre des républicains, alliés de Donald Trump, et M. Cummings. Les premiers ont essayé d’obtenir une suspension de l’audition, arguant que le texte de Michael Cohen avait été publié dans la presse avant même que les membres de la commission ne le reçoivent. En vain.

M. Cohen a pu alors lire sa déclaration liminaire, que le New York Times a en effet été le premier à dévoiler. Longue de vingt pages, sa déclaration dresse un portrait ravageur de l’homme d’affaires devenu 45e président des Etats-Unis, pour qui Michael Cohen, 52 ans, a commencé à travailler en 2007.

Michael Cohen a ensuite affirmé que M. Trump connaissait à l’avance les révélations de WikiLeaks sur sa rivale Hillary Clinton. « On s’est demandé si j’avais connaissance de preuves directes démontrant que M. Trump, ou son équipe de campagne, avait comploté avec la Russie. Je n’en ai pas. Je veux être clair. Mais j’ai des soupçons », a déclaré Michael Cohen.

Les principaux points de la déclaration de Michael Cohen

Voici les principaux points de la déclaration liminaire de Michael Cohen, révélée par le New York Times avant son audition.

  • Accusations de racisme

Le président Trump « est un raciste. C’est un escroc. C’est un tricheur ». « Le pays a vu M. Trump courtiser les suprémacistes blancs et les sectaires. Vous l’avez entendu qualifier des pays plus pauvres de “pays de merde”. En privé, il est encore pire. »

« Il m’a un jour demandé si je pouvais nommer un pays dirigé par une personne noire qui ne serait pas un “pays de merde”. A cette époque, Barack Obama était président des Etats-Unis. »

« On était un jour en voiture et on traversait un quartier difficile de Chicago, il a dit que seuls des Noirs pouvaient vivre ainsi. »

« Et il m’a dit que les Noirs ne voteraient jamais pour lui parce qu’ils étaient trop stupides. »

  • Les paiements à une maîtresse présumée

Michael Cohen déclare disposer d’« une copie d’un chèque du compte personnel de M. Trump que ce dernier a signé, après être devenu président, pour me rembourser des paiements secrets que j’ai faits pour cacher sa relation avec une star de films porno et empêcher que cela nuise à sa campagne ».

  • Les fameux e-mails des démocrates

« Beaucoup de gens m’ont demandé si M. Trump était au courant à l’avance pour la publication des e-mails piratés du Parti démocrate. La réponse est oui. »

« M. Trump a appris auprès de [son ex-conseiller et ami] Roger Stone à l’avance que WikiLeaks allait publier les e-mails. »

« En juillet 2016, quelques jours avant la convention démocrate, j’étais dans le bureau de M. Trump quand son secrétaire a annoncé que Roger Stone était au bout du fil. M. Trump a mis M. Stone sur haut-parleur. M. Stone a dit à M. Trump qu’il venait de raccrocher après un coup de fil avec Julian Assange et que M. Assange avait dit à M. Stone que, d’ici quelques jours, une énorme quantité d’e-mails serait publiée et nuirait à la campagne d’Hillary Clinton. »

« M. Trump a répondu en disant quelque chose comme “ce serait super”. »

  • Les négociations pour un projet immobilier de Trump à Moscou

« M. Trump était au courant et a dirigé les négociations Trump à Moscou tout au long de la campagne et a menti à ce sujet. Il a menti parce qu’il n’aurait jamais pensé gagner l’élection. »

M. Cohen confirme ainsi que les discussions sur ce projet immobilier à Moscou de la société de Donald Trump se sont prolongées courant 2016, le magnat des affaires ayant au contraire maintes fois affirmé que ni lui ni ses collaborateurs n’étaient liés à des intérêts russes ni en discussions avec des Russes pendant sa campagne électorale.

  • La personnalité de Trump

« M. Trump est une énigme. Il est compliqué, tout comme je le suis. Il a de bons et de mauvais côtés, comme nous tous. Mais le mauvais côté l’emporte de loin sur le bon, et depuis qu’il est au pouvoir, il est devenu la pire version de lui-même. »

« Donald Trump est un homme qui s’est porté candidat à la présidentielle pour donner de la grandeur à sa marque et pas à notre pays. »

Avant le début de l’audition, Donald Trump a attaqué la crédibilité de l’ex-avocat, condamné en décembre à trois ans de prison pour fraude fiscale, parjure et infraction au code électoral. Radié du barreau, il sera incarcéré le 6 mai. « Michael Cohen a été l’un parmi de nombreux avocats qui m’ont représenté (malheureusement) », a écrit Donald Trump mercredi sur Twitter. « Il ment afin de réduire sa peine de prison », a-t-il accusé.