Ils veulent dénoncer « l’inaction de l’Etat ». Des familles d’enfants de djihadistes français vivant actuellement dans des camps au Kurdistan syrien ont déposé une plainte contre la France auprès du Comité des droits de l’enfant de l’ONU, ont annoncé jeudi 28 février leurs avocats dans un communiqué. Ces grands-parents, oncles et tantes espèrent pousser la France à « prendre ses responsabilités et protéger ses enfants d’un risque de famine et de mort imminente auxquels ils sont confrontés », expliquent les avocats Marie Dosé, Martin Pradel et William Bourdon.

Si les trois avocats soulignent que le Comité des droits de l’enfant de l’ONU « n’est pas une juridiction au sens du droit international public et ne dispose d’aucun pouvoir de sanction », ils relèvent qu’il peut exiger d’un Etat de prendre des mesures provisoires. D’autant plus, ajoutent-ils, que la France est signataire de la convention internationale des droits de l’enfant.

Recours limités

Quelque 2 500 enfants de 30 nationalités, capturés avec leurs familles au fil de la déroute de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), ont été placés dans trois camps du nord-est de la Syrie, selon l’ONG Save the Children. Les grands-parents de ces enfants français ont plusieurs fois exhorté le président Emmanuel Macron à avoir « l’humanité » de les rapatrier d’urgence. En France, les recours possibles pour rapatrier ces enfants sont limités : ainsi, les saisines de juridictions administratives sont « nécessairement inefficaces et sans objet », en l’absence de représentation de l’Etat ou d’autorités consulaires en Syrie depuis 2012.

Longtemps réticente sur ce sujet sensible, la France s’est dite à l’automne ouverte au rapatriement des enfants, qui sont au moins une centaine dans les camps en Syrie, à commencer par les orphelins. Mais sans donner de calendrier.

La question s’est récemment posée avec d’autant plus d’acuité que les Etats-Unis ont annoncé leur intention de drastiquement réduire leur présence en Syrie et ont appelé leurs alliés à rapatrier leurs ressortissants détenus sur place. La question des étrangers de l’EI est un casse-tête tant pour les autorités semi-autonomes kurdes, qui réclament leur rapatriement, que pour les Occidentaux, qui rechignent globalement à les reprendre.

Lundi, le président irakien Barham Saleh, en visite à Paris, a annoncé que son pays s’était vu remettre treize Français soupçonnés d’être des combattants djihadistes par les forces arabo-kurdes de Syrie et qu’ils seraient jugés selon la loi irakienne.