Quelques notes de guitare, une trentaine d’enfants de 7 ou 8 ans portant des T-shirts marqués « Chine », agitant les mains en l’air, puis une vue panoramique du pont reliant Zhuhai à Hongkong : en trois plans, les ingrédients de la propagande chinoise sont réunis. Mais la mise en scène d’enfants mignons ne célèbre pas cette fois la grandeur de la nation chinoise mais une entreprise qui fabrique des modems et des smartphones : Huawei.

【多维新闻】原创公益爱国歌曲《华为美》MV发布
Durée : 02:58

La chanson s’appelle Huawei c’est beau (Huawei mei). « Quel est le plus beau téléphone du monde ? Tout le monde dit que c’est Huawei », chante une petite fille en faisant voleter ses longues nattes. « Leur batterie dure longtemps, leur apparence est belle, les puces électroniques chinoises sont les plus précieuses », ajoute une autre.

Un symbole et sa chanson

En Chine, Huawei est souvent cité en exemple de la montée en gamme du pays par les officiels comme dans les conversations de comptoirs. Le conflit économique avec les Etats-Unis et l’arrestation de la directrice financière et héritière Huawei, Meng Wanzhou, ont fait de l’entreprise un symbole de la puissance technologique chinoise, face aux Etats-Unis. Il ne lui manquait qu’une chanson.

Apparue mercredi 27 février, elle a été largement diffusée par les médias d’Etat. La communication de Huawei s’est empressée de préciser qu’elle n’avait rien à voir avec sa création. Elle a été publiée sur le réseau social Wechat par un centre d’activité pour enfants de Zhuhai (sud) et produite par un studio local. Avant d’être massivement partagée sur Weibo, équivalent de Twitter, où certains applaudissaient cette initiative tandis que d’autres la comparaient à une œuvre de propagande nord-coréenne.

Mais l’identité des compositeurs suggère l’implication de la propagande officielle. Li Yourong est un compositeur de l’Armée populaire de libération, auteur de certains tubes chantés par Peng Liyuan, célèbre chanteuse militaire, aujourd’hui épouse du président Xi Jinping, et de tubes comme Le secrétaire du Parti nous prends par la main. Zang Sijia qui a coécrit la chanson, dépend, quant à elle, du Bureau de sécurité publique, la police chinoise. Pas de quoi aider à convaincre les pays occidentaux, de plus en plus suspicieux à l’égard de Huawei, de l’indépendance de l’entreprise vis-à-vis du pouvoir chinois…