Rassemblement de journalistes contre la censure, à Alger, jeudi 28 février. / RYAD KRAMDI / AFP

Une dizaine de journalistes algériens participant à un rassemblement dans le centre d’Alger contre « la censure » ont été interpellés, jeudi 28 février, par la police.

Une centaine de journalistes de médias algériens, écrits et audiovisuels, publics et privés, étaient rassemblés en fin de matinée pour dénoncer les pressions subies à la suite des restrictions de couverture du mouvement de contestation actuel en Algérie, « imposées par [leur] hiérarchie », selon eux.

« Libérez nos collègues », ont scandé les manifestants tandis que les journalistes interpellés tambourinaient contre les parois des fourgons de police dans lesquels ils ont été enfermés avant de quitter la place. « Non à la censure ! », « 4e pouvoir, pas une presse aux ordres », ont encore clamé les manifestants, aussi nombreux que les policiers qui les encerclaient.

Des médias propriétés d’hommes proches du pouvoir

L’Algérie connaît depuis près d’une semaine un mouvement massif de contestation contre la perspective d’un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999.

Mais les médias audiovisuels publics algériens et les télévisions privées, propriétés d’hommes d’affaires proches du pouvoir, ont durant plusieurs jours passé sous silence le mouvement de contestation.

Des journalistes de la radio nationale algérienne ont affirmé que ce silence avait été imposé par leur hiérarchie. Ils en ont profité pour dénoncer l’absence de neutralité à l’antenne, le « traitement exceptionnel » réservé au camp du président Bouteflika et celui « restrictif de l’opposition ». Une journaliste de la radio qui a publiquement démissionné de ses fonctions d’encadrement pour dénoncer cet état de fait a déclaré que son émission avait, ensuite, été supprimée.

Médias « muselés »

L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a affirmé, mercredi, que les autorités algériennes mettaient « tout en œuvre pour museler les médias », voulant couvrir le mouvement de contestation actuel, et a dénoncé des « interpellations, agressions, interdiction de couvrir, confiscation de matériel, pressions sur les médias publics et ralentissement du réseau Internet »

Les journalistes de l’audiovisuel public – radio nationale mardi, puis télévision nationale mercredi – ont tour à tour organisé des rassemblements devant leurs sièges.

Des pancartes hostiles à un 5e mandat étaient également brandies jeudi au rassemblement des journalistes, ce qui a suscité un débat au sein des protestataires, certains estimant qu’en tant que journalistes ils n’avaient pas à prendre position sur le mouvement actuel de contestation en lui-même.