Jeudi, Washington, proche allié de l’Arabie saoudite, a offert une récompense pouvant atteindre un million de dollars pour toute information permettant de retrouver Hamza Ben Laden, présenté comme un « dirigeant-clé » d’Al-Qaida. / HANDOUT / REUTERS

Le département d’Etat américain avait promis, le 28 février, une récompense pouvant aller jusqu’à un million de dollars pour toute information qui permettrait de localiser Hamza Ben Laden, l’héritier filial et idéologique du fondateur d’Al-Qaida, Oussama ben Laden, son père, mort en 2011. L’Arabie saoudite, son pays de naissance, l’a de son côté déchu de sa nationalité par un décret royal en date du 22 février.

A 30 ans, celui qui est décrit comme « un dirigeant clé et émergeant de la franchise Al-Qaida » était depui plusieurs d’années dans la ligne de mire de Washington. Les Etats-Unis l’avaient déjà placé sur la liste noire des « terroristes internationaux » en janvier 2017. Une décision qui sanctionnait alors sa mise en avant régulière par la propagande du réseau djihadiste.

De nombreuses lettres et documents retracent le parcours d’Hamza, le « fils préféré » d’Oussama Ben Laden et toute l’attention que lui portait son père de son vivant après que la CIA a déclassé en décembre 2017 des centaines de milliers de documents, saisis lors du raid des Navy SEALs à Abbottabad, au Pakistan, au cours duquelle chef d’Al-Qaida avait été tué en 2011.

« Prince héritier du djihad »

Les extraits vidéo de sa cérémonie de mariage, en Iran, en 2007, restent à ce jour les premières et seuls images à l’âge adulte du « prince héritier du djihad ». Selon le département d’Etat américain, Hamza Ben Laden aurait épousé la fille de Mohamed Atta, l’un des pirates de l’air des attaques du 11 septembre 2001 à New York.

Depuis son dernier refuge d’Abbottabad, son père n’avait cessé de s’activer pour le protéger après la fuite d’Afghanistan de la direction du réseau terroriste en 2001, traquée par les forces spéciales américaines. Les membres de la famille du chef d’Al-Qaida, dont deux de ses fils, Hamza et Saad, avaient alors trouvé refuge en Iran. Téhéran les a maintenus en résidence surveillée jusqu’en 2010 pour dissuader, entre autres, le réseau djihadiste de frapper sur son sol.

Hamza Ben Laden confiera à cette époque à son père ses peurs et les pressions psychologiques qu’exerçaient sur lui les Iraniens : « J’ai passé mon adolescence dans cet endroit [la prison], et j’ai peur de passer le reste de ma jeunesse derrière des barreaux. » « Ce qui me rend vraiment triste, c’est que les légions de moudjahidine marchent et que je ne les ai pas rejointes », ajoutait-il dans dans un courrier possiblement daté de 2009.

Il aurait été finalement libéré en échange d’un diplomate iranien enlevé au Yémen par Al-Qaida. Puis pris en charge par les plus fidèles lieutenants du chef djihadiste. Une mission dont s’est notamment acquitté le Libyen Atiyah Abd Al-Rahman, l’un des cerveaux opérationnels du réseau jusqu’à sa mort, le 22 août 2011, lors de la frappe d’un drone de la CIA dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais.

Dans une lettre datée du printemps 2011, Atiyah Abd Al-Rahman s’employait ainsi à rassurer son chef : « Quant à Hamza, lui, sa famille et ses enfants vont bien. Il est patient, par la volonté d’Allah. Il veut s’entraîner et apprendre. »