Le palais de justice de Marseille photographié en 2012. / GERARD JULIEN / AFP

Après une enquête préliminaire ordonnée par le parquet et menée par l’inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », le procureur de la République de Marseille Xavier Tarabeux a décidé d’ouvrir une information judiciaire concernant la mort à l’hôpital en décembre 2018 d’une octogénaire, touchée la veille chez elle par un tir de grenade lacrymogène en marge de manifestations.

Cette enquête menée par un juge d’instruction a été « ouverte pour recherche des causes de la mort » et est « toujours en cours », a précisé à l’Agence France-Presse le procureur Xavier Tarabeux.

Zineb Redouane, hospitalisée après avoir été blessée « par des éléments d’une grenade lacrymogène », était morte d’« un choc opératoire », avait expliqué le parquet après son autopsie. « Le choc facial [n’est] pas la cause du décès », mais bien « un arrêt cardiaque sur la table d’opération », avait-il précisé.

Samedi, des proches de la victime, algérienne, dont sa fille Milfet qui avait fait le voyage d’Alger, ont déposé des fleurs devant l’immeuble où elle vivait, au coin de la Canebière. « On n’oublie pas et on cherche toujours la vérité jusqu’à ce que justice soit faite », a déclaré Milfet Redouane, 42 ans, très émue, vêtue d’un tee-shirt et arborant un pendentif ornés du portrait de la victime. « Il est trop tôt pour savoir quelles sont les responsabilités, une enquête est en cours et il ne faut pas précipiter les choses », a-t-elle ajouté.

« Un agent de police m’a visée »

L’octogénaire fermait les volets de son appartement au quatrième étage lorsqu’un projectile avait heurté son visage. Des plots de grenade avaient été retrouvés chez elle. « Elle m’a dit qu’elle avait reçu la grenade alors qu’elle fermait sa fenêtre à cause des lacrymogènes », a témoigné lors du rassemblement de samedi sa voisine d’en dessous, Nadia Takouche, qui lui avait alors apporté assistance. La victime lui aurait dit « un agent de police m’a visée », affirme ce témoin.

« Je l’ai entendue frapper le sol avec ses pieds et crier au secours », a-t-elle poursuivi, précisant s’être alors précipitée chez sa voisine et l’avoir trouvée « en sang, défigurée, dans un appartement rempli de poussière ».

L’immeuble de Mme Redouane donne sur une rue étroite, au coin de la Canebière. Des incidents violents y avaient éclaté après une journée où s’étaient mêlées plusieurs manifestations, « gilets jaunes », CGT et militants contre l’habitat insalubre dans la cité phocéenne.