Coco Chanel, en 1944 à Paris. / AFP

Arte, dimanche 3 mars à 17 h 30 et 22 h 40, documentaire

Le commentaire du documentaire écrit et réalisé par Jean Lauritano, Les Guerres de Coco Chanel, use et abuse de la métaphore guerrière. Du début à la fin, ce leitmotiv revient avec une insistance agaçante : « Au soir de sa vie, Gabrielle Chanel est toujours une femme en guerre » (phrase introductive), « A défaut de pouvoir régner sur l’Empire britannique, Chanel va se construire un empire, son empire » (à propos de sa liaison, non transformée en mariage, avec Hugh Grosvenor, duc de Westminster, antisémite d’extrême droite notoire).

Suivent : « Elle vient de remporter la mère de toutes ses batailles mais bientôt elle prépare une nouvelle offensive » (au moment où son ami Churchill est intervenu probablement pour lui éviter l’indignité nationale après sa conduite pendant l’Occupation). Et, pour finir, alors que l’atrabilaire antisémite, pronazie et homophobe passe l’arme à gauche (oh ! pardon : cela nous aura échappé…), il est dit : « Le 10 janvier 1971, Chanel rend les armes. »

Ce cliché lénifiant se remarquerait peut-être moins si le documentaire ne se contentait pas de raconter l’histoire de la vie déjà bien connue de la géniale créatrice, illustrée par des images d’archives souvent requises en bouche-trou illustratif mais dont certaines sont peu connues, voire inédites.

Un résultat élégant et sobre

Ce documentaire aurait gagné à mettre en perspective son propos, notamment au moment où est évoqué l’épineux chapitre du rôle de Chanel pendant la guerre et de sa relation avec un Allemand. Et l’auteur aurait pu mieux faire que de paraphraser certains écrits sur le sujet, dont le récent livre de Hal Vaughan, Dans le lit de l’ennemi. Coco Chanel sous l’Occupation (Albin Michel, 2012).

Comme pour son documentaire Paris couture (1945-1968), Jean Lauritano a fait appel, pour le commentaire en voix off, au comédien Lambert Wilson, qui a ce légendaire chic flegmatique dit « britannique » qui convient au sujet.

Lire la critique de « Paris couture (1945-1968) » : Qu’est-ce que la haute couture ?

Le tout donne finalement un résultat élégant et sobre, qui ne fait pas l’impasse sur ce qui doit être dit tout en respectant la figure de la créatrice. Avec une conclusion acide bienvenue, au cours de laquelle Françoise Sagan rappelle quelle teigne « épouvantable de méchanceté, de cruauté et d’antisémitisme » Gabrielle Chanel était.

Les Guerres de Coco Chanel, documentaire écrit et réalisé par Jean Lauritano (Fr., 2018, 52 min). www.arte.tv/les-guerres-de-coco-chanel